Page:Le Tour du monde - 40.djvu/6

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE TOUR DU MONDE

NOUVEAU JOURNAL DES VOYAGES






La plaine des Segnia (route d’Aïn-Beida). — Dessin de G. Moynet,’ d’après nature.

TÉBESSA ET SES MONUMENTS. (ALGÉRIE), | PAR M. ANT. HÉRON DE VILLEFOSSE.

TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


Quand on voyage en Algérie, si on s’écarte un peu des routes frayées, on est très étonné de ne rencontrer que des fonctionnaires civils et militaires ou des étrangers. Les Français ne connaissent pas l’Algérie : ils s’imaginent qu’après avoir visité Alger, Constantine, Oran, fait une excursion à Biskra en jetant sur les ruines de Lambèse un coup d’œil plus ou moins dédaigneux, ils peuvent rentrer en France et discuter ex professo sur les besoins de notre grande colonie, sur son avenir, ses richesses, les mœurs des indigènes, la façon dont on doit les gouverner et mille autres choses encore. L’excursion a duré un mois : on a vu quelques burnoüus rouges, des chameaux, des femmes arabes, une ruine saccagée parles colons, la forêt de cèdres de Batna, des palmiers, l’entrée du désert et deux oasis perfectionnées dans lesquelles nos voyageurs ont trouvé tout le confortable nécessaire ! En voilà assez pour tout juger et s’imaginer connaître un pays dont on n’a vu que l’épiderme. Parlez à ces élégants touristes qui déjeunent bruyamment à l’hôtel

XL. — 1017° Liv,


d’Orient à Constantine d’aller visiter quelques belles ruines au sud de la province. $i vous ne leur promettez pas une excellente voiture, une route passable, bon souper, bon gîte et le reste, ils vous laisseront partir seul, et... vous n’aurez pas à le regretler. L’un des points les plus curieux et les plus intéressants de la province de Constantine est la petite ville de Tébessa, située au sud-est de notre territoire, près de la frontière tunisienne. C’est là que je voudrais conduire mes lecteurs et leur faire admirer les

monuments romains que les temps et les hommes ont

épargnés. Hâtons-nous ; quelques-uns sont déjà bien malades, et, depuis l’occupation française, ils ont eu plus à souffrir de la main des hommes que pendant les douze siècles de la domination arabe.

On quitte Constantine de bonne heure, vers quatre : heures du matin..C’est la diligence d’Aïn-Beida {la : fontaine blanche) qu’il faut prendre tout d’abord. Elle vous emporte rapidement ; elle est attelée de sept petits chevaux arabes, à l’allure vive et décidée.

= 1