EXCURSION AU CANADA ET À LA RIVIÈRE ROUGE DU NORD,
VII
La saison s’avançait et je n’avais plus une semaine à perdre si je voulais utiliser un reste de beau temps pour accomplir le voyage que je m’étais proposé de faire cette année même dans les territoires du Nord-Ouest. D’ailleurs je n’étais pas seul, mon compagnon, M. R***, semblait déterminé à m’accompagner jusqu’au bout du monde. Il rêvait d’expérimenter en grand, dans les vastes prairies du Nord-Ouest, l’élevage des chevaux et du bétail, et de consacrer à des entreprises de colonisation les débris d’une fortune tout récemment engloutis dans les naufrages de la bourse de Vienne. Au commencement de 1873, les Allemands d’Autriche escomptaient largement les conséquences probables de la pluie d’or qui tombait en ce temps-là sur leurs cousins berlinois ; mais par un juste retour des choses d’ici-bas, la pléthore d’argent mal acquis qui suivit le payement de nos premiers milliards, amena presque immédiatement une gigantesque débâcle financière où se noyèrent à la fois les banquiers spéculateurs et les économies d’une foule de braves gens. Cette catastrophe avait du même coup ravi à M. R*** le fruit de vingt ans de travail, plus de
- ↑ Suite. — Voy. p. 97 et 113.