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bécois sont rassemblées dans un même quartier, au sommet de la côte fort raide appelée par les Français « Chemin de la montagne, » et par les Anglais, « Mountain Hill, » qui conduit de la ville basse à la ville haute. Là, parmi les vieilles maisons du siècle dernier, — représentées encore aujourd’hui par quelques bâtisses branlantes étançonnées à grand renfort de madriers, — on remarquait il y a quelques années la maison du « Chien d’or, » sur l’emplacement de laquelle on a bâti le bel édifice de la poste.

Cette maison, célèbre dans les traditions municipales, tirait son nom d’un bas-relief sculpté au-dessus de la porte où l’on voyait un chien rongeant un ossement et au-dessous la légende suivante :


Je suis un chien qui ronge l’os ;
En le rongeant je prends mon repos.
Un jour viendra qui n’est pas venu
Que je mordray qui m’aura mordu.


Ce bas-relief à sa légende. Un marchand de Québec, Philibert, avait été assassiné par ordre de Bigot, l’intendant prévaricateur du Canada. Son frère, ne pouvant tirer une vengeance immédiate de ce méfait, aurait fait sculpter ce symbole de sa rancune sur la porte de sa demeure. On assure que plus tard, après la chute de la domination française, il poursuivit le meurtrier jusqu’aux Indes, où il le tua en duel. Le « Chien d’or » et son inscription ont été replacés au-dessus de la grande porte du bâtiment de la poste.

Chasse à l’orignal. — Dessin de F. Bassot, d’après une photographie.

Dans la haute ville, une autre inscription désigne l’endroit où tomba le général américain Montgomery, lors de l’assaut infructueux qu’il tenta contre Québec le 31 décembre 1775. Plus loin, sur le plateau d’Abraham, un obélisque rappelle la fin glorieuse du général Wolfe, mort le 13 septembre 1759, en léguant à l’Angleterre une victoire et la métropole du Canada. J’ai déjà dit qu’un autre obélisque élevé dans le jardin du gouverneur consacrait la mémoire du héros français Montcalm, en l’unissant à celle de son heureux rival. Le corps du marquis de Montcalm repose dans la chapelle du couvent des Ursulines.

Les cathédrales anglaise et française, la chapelle du séminaire avec quelques tableaux attribués à Philippe de Champaigne, l’édifice de la douane, un palais de justice, en partie incendie en 1872, tels sont les autres « édifices » de la vieille cité de Champlain.

Pour le commerce et l’industrie, Québec a depuis longtemps cédé la première place à Montréal. Une grève colossale des ouvriers constructeurs de navires, survenue en 1867, a donné le coup de grâce à une