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Le premier aspect du paysage est triste et sévère : il est enlaidi par de grandes taches noires qu’un incendie récent a laissées sur les collines. On aperçoit encore les troncs des sapins dont la flamme a détruit le feuillage. Derrière les dépressions des collines littorales, on entrevoit les sommets les plus élevés de la chaîne centrale de la presqu’île de Gaspé ou Gaspésie, les Chikchaks ou monts Notre-Dame dont les pics atteignent treize cents mètres. Mais cette fâcheuse impression est de courte durée. Bientôt commence cette série de maisons blanches adossées à de verdoyantes collines, que nous ne perdrons plus de vue jusqu’à Québec, et qui forment le trait caractéristique des rives du Saint-Laurent. Là, en effet, point de gros villages où se concentre la population rurale ; seules, quelques petites villes, telles que Rimouski, Trois-Pistoles, Kamouraska, Montmagny et quelques autres nous rappellent les cités européennes. Dans les campagnes, chacun bâtit sa maison sur sa terre, sans s’occuper de la distance qui le sépare des autres habitants de la paroisse. De loin en loin, une église, avec son clocher couvert de plaques de fer étamé resplendissant au soleil comme des lames d’argent, nous indique le centre d’une nouvelle paroisse peu à peu conquise par des défricheurs sur la nature vierge.

Québec : Marché de la haute ville. — Dessin de Taylor, d’après une photographie.

Le dimanche, l’habitant canadien attelle son « trotteur » à une élégante voiture à ressorts et engage avec ses voisins une course de vitesse dont le but est l’église paroissiale. Les attelages, les fourrures de leurs « blondes », voilà le luxe des Canadiens ; et ce luxe