recherches pour trouver un chemin conduisant à la capitale coréenne restèrent sans résultat, et il dut quitter les côtes de la péninsule sans avoir rien obtenu des indigènes. J’ai pu constater moi-même combien il a fallu à l’amiral Guérin d’énergie et d’habileté pour faire cette expédition avec un bâtiment à voiles. Tout était rentré dans le calme et personne ne songeait plus à la Corée, quand, au mois de mars 1866, on apprit en Chine que, dans l’espace d’un mois, neuf missionnaires avaient été mis à mort. Cet événement succédait à une tentative des Russes pour fonder un établissement sur la côte orientale. Au dire des missionnaires survivants, le prince régent, qui est le père du jeune roi, fils adoptif de la reine Tso, avait, au moment de la venue des Russes, fait mander Mgr Berneux. Il voulait le consulter sur les mesures à prendre pour éloigner les barbares sans provoquer une guerre. Là-dessus, les Russes s’étaient spontanément retirés et le régent, complètement rassuré de ce côté et n’ayant plus besoin des conseils des missionnaires, avait aussi résolu de se débarrasser d’eux.
Le 6 mars, MM. Berneux, de Bretennières, Dorie et Beaulieu, eurent la tête tranchée ; le 11, ce fut le tour de MM. Petit-Nicolas et Bourthié ; enfin le 30, MM. Daveluy, Huin et Aumaître augmentèrent la liste des victimes européennes de cette persécution, qui s’exerça aussi, mais avec moins de rigueur, sur les indigènes convertis. Trois missionnaires, MM. Féron, Calais et Ridel, échappèrent à toutes les poursuites.
M. Ridel, qui parvint à gagner la côte de Chine à l’aide d’une frêle embarcation montée par onze néophytes, fit connaître les tristes nouvelles qu’on vient de lire. Dès que le commandant de la division navale des mers de Chine fut informé de ces faits, il résolut une expédition militaire. Mais une révolte en Cochinchine, qui nécessita le secours de la frégate amirale, retarda cette expédition jusqu’au mois de septembre. C’est de cette petite campagne dans l’un des pays les moins connus de l’Orient que je me propose d’entretenir les lecteurs. Je passerai légèrement sur les faits militaires, pour m’attacher plus particulièrement à la partie géographique et pittoresque.
Le 12 septembre 1866, la division navale des mers de Chine, commandée par le contre-amiral Roze, était réunie devant la petite île de Kung-Tung, située en face du port chinois de Tche-foo. On y déployait la plus grande activité pour compléter les approvisionnements et faire les derniers préparatifs. Le 18, trois bâtiments de la division, la corvette Primauguet, commandant Bochet, portant pavillon de contre-amiral, l’aviso Déroulède, capitaine Richy, et la canonnière Tardif, capitaine Chanoine, appareillaient et se dirigeaient vers la côte de Corée.
L’amiral, avant d’engager tous ses bâtiments dans les dangers d’une navigation incertaine, avait voulu se rendre un compte exact des difficultés qu’il y aurait à surmonter. Dès le lendemain à midi, on reconnut les îles Ferrières, déterminées par l’amiral Guérin, et le soir, après avoir heureusement franchi toutes les passes, on mouilla dans le fond du golfe du Prince Jérôme. Une petite île, aride et inhabitée, voisine du mouillage, reçut le nom de l’Impératrice et servit de point de départ à toutes les opérations maritimes postérieures.
Le jour suivant, le Déroulède, ayant à son bord le P. Ridel et quelques-uns des Coréens qui avaient accompagné le missionnaire en Chine, fut envoyé à la recherche de l’embouchure du Han-kang. Grâce aux indigènes, sa mission fut en peu d’heures parfaitement remplie. Il revint le 21 au soir, muni des plus précieux renseignements. Avant d’aller plus loin, il