Page:Le Tour du monde - 18.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hollande et la France, des selles, des harnais, des gants et de la buffleterie.

L’équipage du cheval de guerre y perdra au point de vue pittoresque, car il faut convenir que nos courroies et nos brides, nos selles de cavalerie et leurs accessoires sont bien prosaïques en comparaison des cordons, des tresses et des houppes de soie, des arçons et des étriers en laque, dans lesquels un officier japonais monté et cuirassé mettait autrefois un légitime orgueil.

J’ai remarqué d’ailleurs que l’on vend à Yédo une assez grande variété d’objets en cuir, en peau mégissée et en peau de chagrin, tels que malles et nécessaires de voyage, portefeuilles, longues bourses a monnaie, petites blagues à tabac, gants pour la chasse au faucon, et que tous ces articles sont de fabrication indigène.

Le commerce de pelleteries, qui a pris une si grande extension en Chine, est à peu près nul au Japon. Autant la race mongole aime à se couvrir de fourrures, autant les fils du Grand Nippon paraissent y répugner.

Ni les Chinois, ni les Japonais ne conservent et ne préparent des peaux de bêtes pour les empailler. Les Chinois font des oiseaux artificiels, dont le corps, modelé en cire, est recouvert de plumes véritables que l’on y colle l’une après l’autre avec les soins les plus
Atelier de sculpture au Japon. — Dessin de A. de Neuville d’après une peinture japonaise.
minutieux. Les Japonais n’emploient absolument que la bourre de soie et la soie pour se faire des images de leurs animaux favoris ; ils excellent surtout à reproduire en miniature les coqs, les poules, les faisans, les canards, les chats et les petits épagneuls. Ils n’emploient guère le crin et les plumes naturelles que pour faire des chasse-mouches, des plumeaux et des éventails. Ces derniers sont parfois d’une rare élégance, surtout les blancs dont le centre est tacheté de deux ou trois petites plumes de couleurs vives et assorties. La fabrication des pinceaux est poussée aux dernières limites de la perfection et du bon marché, comme cela devait être dans un pays où l’on supplée par ce seul genre d’instruments à tous ceux dont nous nous servons pour écrire et pour dessiner, aussi bien que pour peindre. Les pinceaux japonais sont en poil de loutre, de blaireau, et surtout de renard. Ceux que l’on tire de la principauté de Satsouma se distinguent par leur solidité.

Les cordons et les tresses de soie jouent un grand rôle non-seulement dans la fabrication des harnais, mais dans les attaches des casques et des cuirasses, dans l’agencement de tous les équipements militaires et de tous les costumes civils, aussi bien des hommes que des femmes, car nos boutons, nos crochets, nos agrafes et nos aiguillettes sont choses parfaitement