rive opposée au centre de la ville. Le Hondjo, qui fait face à la Cité, n’en a point le mouvement commercial ; il ne présente d’ailleurs ni l’imposante agglomération des résidences du Castel, ni l’animation des places réservées dans les quartiers du nord aux plaisirs de la foule, et cependant l’on y trouve, mais dans des conditions toutes spéciales, du commerce et de l’industrie, des temples, des palais et des lieux de réjouissances publiques. Ainsi, quelques-uns des plus grands négociants du Japon habitent le Hondjo, tout en conservant leurs comptoirs dans les quartiers du Kio-Bassi ou du Nippon-Bassi, à la manière des riches armateurs de Rotterdam, qui ont leur maison à Verkade et leurs bureaux parmi les entrepôts de la Wijn straat.
La tranquillité relative dont on jouit sur la rive gauche
et la facilité avec laquelle on y obtient de grandes
concessions de terrains, semblent y avoir aussi favorisé
l’établissement de nombreuses bonzeries. Quelques-unes
possèdent des temples considérables. Parmi
les vingt à trente temples du quartier de Fouka-Gawa,
l’ancien culte national est principalement représenté
par les deux célèbres mias de Temmangô et d’Hatchiman,
et le culte bouddhiste par la téra de Sandjiou-san-Gendhô,
qui mesure en longueur trente-trois nattes
ou environ soixante-six mètres. Dans le Hondjo, qui
Nettoyage du coton. — Dessin de A. de Neuville d’après une peinture japonaise.
compte plus de quarante temples de diverses dénominations,
l’on distingue celui des Cinq-Cents-Génies, le
Goïaka-Lakan ou Goïakoura-Kandji, consacré à la mémoire
des Racans et autres saints illustres du bouddhisme.
Autrefois cette véritable armée, toute composée
de statues de bois plus grandes que nature, et
passées en couleur, se déployait sur les estrades et les
galeries de la nef, du chœur et des chapelles latérales
du lieu sacré, à gauche et à droite de l’idole colossale
d’un bouddha révéré sous le nom de Tô-Schabori. Un
tremblement de terre a jeté la perturbation dans les
rangs de la sainte milice. Les hangars du voisinage en
ont recueilli les victimes les plus mutilées, et le temple
dévasté n’a pas encore été réparé et rendu au culte.
Non loin de là, une autre bonzerie a fondé sa réputation
sur une base moins fragile que les images des
héros de l’ascétisme et de la contemplation. Deux fois
par an elle engage à son service, pour une série de représentations
publiques, l’élite des lutteurs de Yédo,
et cette pieuse spéculation ne manque jamais d’attirer
sur le vaste préau de l’enceinte claustrale une énorme
affluence de curieux appartenant à toutes les classes
de la société. Au reste, chaque temple, chaque monastère
a son genre de réclame et se fait remarquer par
quelque singularité plus ou moins géniale, témoin
cette avenue de je ne sais plus quelle bonzerie du