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Le commandant de la Fine nous apprit le même soir que les naturels de la côte ouest, de la tribu de Pouangué, avaient attaqué un bateau caboteur la Reine-des-Îles, tué et dévoré une femme, deux indigènes et deux Français, puis après avoir pillé l’embarcation avaient coupé ses mâts avant de l’abandonner. Au moment où se passaient ces événements, trois Européens se trouvaient dans un village limitrophe nommé Gatope. Alléchés par le sang, les meurtriers s’étaient dirigés sur ce point dans l’intention de faire subir le même sort à ces trois hommes qui s’étaient établis en cet endroit pour pêcher la biche de mer. Par bonheur, les Européens avaient quelques amis dans la tribu ; ils furent avertis et eurent le temps de se mettre sur la défensive. Les Kanaks arrivèrent et de leurs zagaies atteignirent l’un d’entre eux légèrement. Faisant feu de leurs revolvers ; les trois pêcheurs, battirent en retraite vers leur embarcation dans laquelle ils parvient à se jeter et gagnèrent le large. Ils se rendirent de suite à bord de la Reine-des-Îles qui, abandonnée par les naturels, flottait au gré des flots non loin du rivage. Ils établirent, sur un tronçon de la mature brisée, le mât et la voile de leur pirogue et s’enfuirent vent arrière. Le commandant de la Fine voyant arriver sur lui ce bateau, s’étonnait de sa tournure étrange. Il fut bientôt au courant de tous les détails de ces regrettables événements.

Le gouverneur en fut d’autant plus frappé qu’il venait d’apprendre en passant à Houagap le meurtre d’un colon français nommé Taillard, commis par un Kanak de la tribu de ce Poindi-Patchili, dont j’ai déjà parlé et dont l’influence s’étendait jusque sur la côte ouest, c’est-à-dire à Pouangué, lieu des derniers massacres. Il se décida à faire immédiatement une expédition contre ces tribus et donna l’ordre à la Fine de se rendre de suite devant Pouangué, où l’équipage de la Reine-des-Îles avait été massacré, avec mission d’étudier les passes et de servir de pilote lors de l’arrivée de l’expédition projetée.

Le gouverneur décida, en outre, que je resterais embarqué sur la Fine et ne devrais me rendre à terre que pendant le jour et avec une escorte suffisante.

Le lendemain 10 août le Fulton et la Gazelle nous