Page:Le Tour du monde - 18.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diens disparaît pour faire place à une température plus analogue à celle de l’Europe. De mai à octobre, quiconque n’est pas retenu dans les basses terres par les nécessités du service ou par son négoce, s’empresse de se sauver au sanitarium, soit à Murree, soit à Dhurmsala, soit à Simla, où résident les autorités suprêmes. On n’a pas négligé le sous-officier (non-commissioned officer) ni même le simple soldat (private) : ils ont à mi-côte de Murree un sanitarium où ils viennent habiter à tour de rôle.

Ne trouvant ni chevaux ni voitures à louer à Rawul-Pindi (on m’assura que tout avait été accaparé par les gens qui se rendaient à Murree), je me décidai à prendre deux palanquins, un pour moi, un pour mon domestique. Ce mode de transport est connu : je n’en dirai rien, sinon qu’il est incommode et fort cher. J’en
Ruines de Hotti. — Dessin de H. Clerget d’après une photographie.
eus pour plus de trente roupies, soit plus de cinq francs par lieue. Comme j’eus soin de partir après la grande chaleur, je fis presque tout le voyage de nuit, et ne me réveillai qu’à Murree même.

Je félicite sincèrement ceux qui ont choisi Murree pour Sanitarium, tout en reconnaissant qu’il était facile de trouver une centaine de sites pareils le long de ces montagnes du Hazara. Avant d’être honoré de la préférence officielle, Murree était un petit plateau étroit courant entre deux profondes vallées d’une sauvagerie superbe, orné de quelques huttes et sillonné de quelques sentiers à chèvres. En quelques années, l’activité saxonne a créé là un petit Éden, une ville avec un bazar indigène, deux bons hôtels et quelques centaines de villas éparpillées autour des routes les mieux entretenues et les mieux ombragées du monde.