trouvé toute la population encore endormie ; nous nous dirigeâmes vers le Dyrafiord : nous étions sûrs de traverser dans notre trajet toute la pêcherie de la côte ouest.
Les bateaux pêcheurs se tiennent à environ quatre
milles de la côte. Sur ce point, il y en avait au moins
cent cinquante. Comme on sait à quelle époque probable
doit passer la frégate, ceux qui ont des secours à
lui demander ne négligent pas de se porter sur sa route.
Chaque fois que nous voyions un pavillon en berne, et
Dieu sait s’il y en avait ! c’était une embarcation qui se
Le Dyrafiord. — Dessin de Jules Noël d’après l’album de l’auteur.
détachait de la frégate pour aller aux renseignements :
parmi les bateaux pêcheurs, celui-ci avait des mâts craqués,
cet autre une avarie dans le gouvernail et tenait
la mer depuis deux mois avec un gouvernail de fortune.
Chez d’autres, si le navire avait victorieusement
fait face aux gros temps, c’était l’équipage qui avait
besoin de soins ; les uns avaient des cas de typhus,
d’autres avaient la gale à bord, et leur caisse à médicaments
Pêcherie de morues. — Dessin de Jules Noël d’après l’album de l’auteur.
était entièrement dépourvue de pommade Helmerich ;
car il faut dire que ces pauvres pêcheurs qui
vont affronter tant de dangers pour nous pourvoir de
morues ne sont pas l’objet d’une sollicitude exagérée de
la part de ceux qui les emploient. Nous nous réservons
de revenir ailleurs sur ce chapitre ; ici nous nous contenterons
de déclarer que cet armement constitue une
exploitation de l’homme par l’homme indigne de notre
pays et de notre époque.
Vers dix heures et demie du soir, nous étions au