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La pointe des Somonos, à Sansandig. — dessin de Tournois d’après l’album de M. Mage.


VOYAGE DANS LE SOUDAN OCCIDENTAL
(SÉNÉGAMBIE — NIGER),


PAR M. MAGE, LIEUTENANT DE VAISSEAU[1].


1863-1366. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


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Expédition nouvelle contre les Bambaras. — L’armée remonte la rive droite du Niger. — Siége et prise de Dina. — Retour. — Siége de Sansandig. — Panique et déroute de l’armée royale.

D’après ce qui précède, on voit que les citoyens actifs du royaume de Ségou jouissent aussi, de temps à autre, d’un « discours du trône. » Au début de celui que je viens de citer, un fait s’était produit qui excita d’abord mon hilarité, mais qui, tout ridicule qu’il soit, donne une assez triste idée de l’ordre social et politique de la contrée. Ahmadou, voulant faire dégager la place du palabre pour les Talibés, avait ordonné de refouler en arrière les Bambaras ou indigènes, et ceux-ci se prenant de peur et croyant peut-être qu’on allait les fusiller en masse, s’étaient sauvés de toute la vitesse de leurs jambes dans le village des Somonos qui forment le groupe le plus dense, le plus industrieux, le plus respectable de l’ancienne population ; le seul groupe indigène, peut-on dire, avec lequel les conquérants actuels soient tenus de compter.

Il y avait plus d’un an déjà que j’étais à Ségou, et Ahmadou ne semblait pas plus disposé à nous permettre de partir que le premier jour. Non qu’il eût le dessein d’attenter à notre liberté ou qu’il nous considérât comme des auxiliaires dont le concours n’était pas à dédaigner sur un champ de bataille, mais les nécessités de sa politique lui défendaient impérieusement de nous laisser soupçonner la misérable situation des pays qu’il gouvernait, ainsi que les revers qui terminaient, à la même époque, la carrière aventureuse de son père El Hadj ; — toutes choses que cependant nous ne pouvions manquer d’apprendre, soit en continuant notre voyage vers l’Est, soit en retournant au Sénégal. Les mêmes motifs lui faisaient entraver, par tous les moyens possibles, le retour des courriers qu’à plusieurs reprises j’avais expédiés à Saint-Louis, ainsi que l’envoi de nouveaux émissaires. Je ne pense pas me tromper dans mes appréciations ; mais j’ai

  1. Suite et fin. — Voy. pages 1, 17, 33, 49, 65 et 81.