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qui paraît avoir échappé, c’est que l’arc de Trajan, pour que tant d’éléments d’une forme si particulière aient pu s’y adapter, devait avoir et les dimensions et les dispositions exactes du monument actuel attribué à la période constantinienne. Il est donc naturel d’admettre que le gros œuvre de l’édifice appartient au même siècle qu’une décoration si considérable, car les huit colonnes avec leurs bases et les huit statues qui les surmontent sont reconnues pour dater de la première époque. On sera conduit à admettre de même qu’en changeant au quatrième siècle la destination de l’arc de Trajan pour en faire honneur à un autre prince, — ce qui est là une décadence morale, — les gens se seront bornés à compléter, à refaire ce qui avait été détruit, à remplacer peut-être quelques morceaux.

Les statues en marbre violet des rois vaincus sont très-belles ; mais les têtes, enlevées, dit-on, par un neveu de Clément VII, ont été refaites par P. Bracci sous Clément XII.

Une des inscriptions offre à propos de Maxence cette indication d’un style inusité : Constantin l’a défait « instinctu divininatis ; » mais la croix ne figure point aux bas-reliefs.


Arc de Septime-Sévère. — Dessin de H. Clerget d’après une photographie.

Splendide monument de l’art antique à la fin du premier siècle, l’arc constantinien, comparable comme importance et comme perfection à la seule colonne Trajane, offre un genre de mérite que nul arc triomphal ne possède au même degré. Je n’en connais pas d’autre où l’attique soit si harmonieusement raccordé au corps de l’édifice, de manière à composer avec la partie inférieure, sans solution de continuité, un ensemble homogène, au lieu de produire l’effet d’une superfétation ajustée après coup sur la corniche. L’artifice employé pour obtenir ce résultat est facile à saisir ; mais l’explication induirait à des termes de métier bien lourds, tandis qu’un coup d’œil est si rapide !

Voilà les diversions que la ville offrait à une inquiétude fixe, un jour que sans nouvelles de mes amis de France, je m’étais jeté à travers les rues, la curiosité émoussée et l’esprit mal dispos. Une cité serait bien riche, qui donnerait pour toute moisson ce qu’à Rome on glane au passage et sans rien chercher !

Francis Wey.

(La suite à une autre livraison.)