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Mes hommes reçurent quatorze calebasses de nourriture du pays[1] ; enfin, nous nous trouvâmes dans l’abondance et nous pûmes nous refaire des fatigues des jours précédents. Ces fatigues avaient été telles qu’un de nos chevaux, celui du docteur, n’avait pas pu suivre. Je l’avais abattu l’avant-veille de mon arrivée au Bakhoy, et depuis ce temps le docteur montait à âne. Mon cheval étant très-blessé je montai le dernier de nos chevaux, celui de trente-six francs, vaillante petite bête, mais très-maigre, et que mes laptots avaient surnommée Farabanco, en souvenir d’un de leurs camarades d’une maigreur proverbiale. Nos bœufs ne marchaient qu’avec peine et nous occasionnaient des retards. Comme on le voit, il était grand temps de prendre un peu de repos, et je me décidai à faire de petites marches.


La fille d’un marabout du Oualet (voy. p. 34). — Dessin de Émile Bayard d’après l’album de M. Mage.

La montagne à laquelle est adossé le village de Kouroundingkoto l’abrite à l’est. Sa crête, du côté où nous la voyons, offre une particularité. Cinq baobabs espacés presque également la couronnaient, et celui du milieu, situé sur le sommet même de la montagne, était d’une dimension très-remarquable.

Entre les roches, un grand nombre d’arbres avaient trouvé l’aliment nécessaire à leur vie et deux d’entre eux étaient d’une très-grande dimension.

De l’endroit où nous nous trouvions, il y avait bien cinq cents mètres jusqu’au grand baobab du milieu. Je dis en plaisantant à Famahra que, s’il voulait, nous pourrions tirer à la cible. Depuis quelques jours il m’affirmait que les noirs tiraient mieux que les blancs, et le fait est qu’avec leurs mauvais fusils de traite, leurs balles

  1. Si le couscous et le riz sont les mets nationaux des Yoloffs, le mafé et le lacklallo sont les plats nationaux des Bambaras et des Malinkés, le sanglé, celui des Pouls et des Maures et d’une bonne partie des Soninkés.