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suivre a âne en même temps que Fahmara était prêt à partir.

La population de Kita est composée de Malinkés ; mais le voisinage du Foula Dougou y a introduit quelques Peuhls, non des Peuhls parlant le malinké, qu’il est si difficile de distinguer des Malinkés eux-mêmes, mais des Peubls Diawandous. Tous les Malinkés que j’ai vus dans le pays semblent se donner à l’industrie du tissage et les Diawandous semblent vivre à leurs dépens, comme du reste ils le font presque partout.

Les puits du Kita ont quatre mètres de profondeur et sont entourés de champs de tabac ; autour de l’un d’eux nous observâmes avec bien du plaisir quelques pieds de bananiers exportés de très-loin, nous dit-on. Ils ne produisaient rien, mais je recommandai aux indigènes de les bien soigner, leur indiquant la manière de les planter et de les couper. Lorsque je vis le départ approcher, je fis le recensement de mes vivres : j’en avais largement assez pour gagner le Niger, dont je ne devais être éloigné que de huit jours au plus en ligne droite.

Mes instructions me recommandaient de passer par Bangassi. C’était, en effet, la seule étape qu’on pût indiquer ; on en devait la connaissance à Mongo-Park qui y avait passé trois jours et où il avait été reçu par Sérénummo, roi du Foula Dougou. Cet État était alors tributaire de la couronne de Ségou aussi bien que le Bélédougou.


Ruines de Mambéri. — Dessin de Tournois d’après l’album de M. Mage.

Aujourd’hui il n’existait plus ; Bangassi n’était qu’une ruine ; le Foula Dougou n’était habité que par quelques bandits, il n’y avait donc pas à songer à y passer. D’ailleurs, de l’endroit où je me trouvais, cette voie me détournait du chemin du Niger ; ma route était plutôt de descendre à Mourgoula, place forte d’El Hadj, dans le pays de Birgo, pour gagner ensuite Koulikoro ou Nyamina.

Je comptais donc, ainsi que nous en étions convenu, suivre cette ligne, quand le 27 on nous signifia que le Bélédougou et le Manding étant en pleine révolte, il n’y avait plus de route possible dans cette direction, et qu’il fallait aller en chercher une à Diangounté.

Mais avant d’abandonner ce pays, je résumerai quelques observations.

Mankandiambougou est situé par 13° 2′ 56″ nord, latitude observée, et 14° 44′ 34″ ouest de longitude.

C’est un point important par sa situation même et par l’avenir qui lui est réservé si jamais la civilisation envahit ce coin du globe.

Sa position sur un plateau élevé, sain, riche en terres végétales, en bois de construction, adossé à une montagne qui forme une défense naturelle ; la facilité des cultures dans les plaines du Nord, le riz de bambous qu’on récolte en grande quantité, le beurre de Karité (le shéa ou de Mongc-Park et de Caillé, le bassia Parkii des botanistes), les bois de cailcédras, sont des richesses naturelles qui ne feraient que croître par suite du double passage des caravanes de sel et de bestiaux qui se rendent de Nioro à Bouré, et dont Kita est le lieu de passage obligé.

Point de départ de toutes les routes du Sénégal au Niger, cette localité acquerra une importance considérable comme place de commerce. Si donc jamais la France,