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Pierre promit de les affranchir de la Turquie et, peu après, se mit en campagne.

Une forge de Tzigane. — Dessin de Lancelot.

L’aspect gai et fertile des plaines de la Moldavie, qui annonçait l’abondance aux Russes, les charma d’abord. En approchant de Iassy, les brillants costumes des boyards, leurs superbes chevaux, leurs armes étincelantes ravirent en extase les officiers de Pierre. Un coup d’œil jeté sur leurs grossiers équipements moscovites mêla bien l’envie à leur admiration, mais la pensée des joies que leur promettait la capitale, et surtout le splendide festin offert par l’hospodar Cantimir, et servi avec tout le luxe oriental dissipa ce nuage. On fraternisa largement ; le jour surprit l’hospodar et ses boyards, le czar et ses généraux encore attablés, mais endormis. Les Moscovites, plus aguerris, s’éveillèrent les premiers.

Entrave des cochons valaques. — Dessin de Lancelot.

En pleine possession d’un projet né de la veille et qui n’avait cessé de flotter comme un rêve gracieux au milieu de leur ivresse, ils se levèrent et doucement, sans bruit, sans secousse, tirèrent des jambes des boyards les grandes bottes chamarrées d’or qu’ils chaussèrent immédiatement.

Le czar les regardait et les laissa faire.

L’histoire ne dit pas qu’il les imita, mais il est permis de penser que dans cette action spontanée de ses lieutenants il puisa le germe de l’idée de protectorat qu’il n’a cessé de nourrir jusqu’à sa mort et qu’il a transmise à ses descendants.