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ribles, et bien qu’ils m’aient souvent poursuivi, ils ne m’ont jamais attaqué.

Le 4 décembre, après une nuit très-humide, en dépit des feux que nous avions allumés, nous nous réveillâmes couverts de rosée : il était cinq heures et demie ; les hommes étaient engourdis et hésitaient à entrer dans l’eau. Néanmoins je fis charger le canot et les animaux, et à sept heures deux minutes, le canot glissait sur le fleuve ; nous le suivîmes en serrant la berge d’aussi près que possible.


Caïman essayant de saisi un bœuf. — Dessin de Tournois d’après l’album de M. Mage.

La route était horrible. De temps à autre apparaissait un bout de sentier impraticable, indiquant l’entrée et la sortie de quelque ancien village ruiné par les guerres d’El Hadj et dont des soubassements de cases démolies indiquent seuls aujourd’hui la place. Le reste du temps, malgré les feux allumés depuis deux jours, on ne pouvait passer qu’à grand’peine à travers les épines. C’est ainsi que nous parvînmes à la montagne du palais des singes, à neuf heures et demie, en constatant l’impossibilité de noter la route.


Cynocéphales du Sénégal. — Dessin de Mesnel d’après nature au Muséum d’histoire naturelle.

Un peu avant cette montagne, nous eûmes à passer un marigot encore vaseux ; des traces de lion toutes fraîches témoignaient de sa présence à peu de distance ; dans le fond du marigot, tous les singes s’étaient réfugiés dans une montagne circulaire, dont ils occupaient tous les étages. J’étais descendu le premier dans le marigot, et ayant mis pied à terre, à cause de la rapidité des berges, je marchais avec précaution pour ne pas être surpris par le lion qui me guettait peut-être. Lorsque j’arrivai en vue de la montagne, un concert semblable à celui d’une meute en chasse, mais d’une meute immense, me salua. J’étais déjà de mauvaise hu-