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gaèïs ; les Tschetschènes proprement dits, et une dizaine d’autres petites peuplades, répandues au nord de la chaîne principale et le long du Térek.

E. Race lesghienne : Avares, Andiys, les habitants de Dido, Antsouhs, Kapousis et d’autres associations du Daghestan des montagnes.

F. Les Ossètes forment une nation à part et sont fixés dans les environs de Vladicavcaz et dans les gorges de Kouvtanninsk.

Toutes ces races peuvent être regardées comme les habitants autochtones du Caucase. À côté, on en trouve plusieurs autres qui, venues dans cette région, s’y sont fixées à la suite de la guerre et à des époques différentes. La plupart descendent des Turcs et des Mongols. Elles sont disséminées le long de la ligne du Caucase, dans la contrée généralement connue sous le nom de provinces musulmanes, qui embrasse la plus grande étendue du Transcaucase.

Les Nogaïs, les Kalmouks-Karatschïys, et, en général, les Tatars, habitant le Caucase du nord, sont tous de race mongole.

Les Tatars du Transcaucase, qui diffèrent des premiers par beaucoup de points, sont de race turque.


Cabardin.

Il y a encore les Kourdes qu’on ne peut classer dans cette famille ; puis les industriels qui viennent du Nord et du Sud se fixer dans l’isthme caucasien, et que l’on peut énumérer ainsi :

Les Russes, principalement les Cosaques et les Rapkolniks, de diverses sectes réputées dangereuses par le gouvernement et exilées en conséquence dans ces parages lointains. Tels sont les Douhobortzis, les Malakans, les Sabbatiers, les Skoptzis, dont j’aurai à parler dans une autre partie de mon voyage accompli à travers le Transcaucase ;

Les Allemands en grande majorité venus du royaume de Wurtemberg ;

Les Écossais en petit nombre ;

Divers autres étrangers, restant plus ou moins à demeure fixe pour exploiter ces contrées ;

Enfin, les juifs qu’on retrouve partout.

Ces diverses nationalités se coudoient sur une superficie relativement peu étendue, parlent des langues toutes différentes, ont des religions variées, un Dieu ou des dieux. Il faut avouer que les auteurs arabes qui ont eu l’occasion de parler de ce pays des montagnes l’ont admirablement nommé : Montagne des langues.

J’ai eu l’occasion de m’entretenir assez longuement avec un Lesghien très-connu au Caucase, où il avait acquis une certaine célébrité il y a trois ans. Il se nommait Hadji-Mourtouz : il s’était mis, dans le Daghestan, à la tête d’un soulèvement que je raconterai en peu de mots, afin de donner une idée du caractère des insurrections à main armée dans le Caucase. Ce ne fut pas d’ailleurs la dernière, malgré le peu de succès de toutes ces sortes d’entreprises.

Ainsi que cela arrive le plus souvent, les autorités de la contrée n’avaient aucun soupçon de la sédition projetée et n’étaient nullement préparées à l’étouffer. Par un temps superbe, un messager vint des fortifications de Lagodsk, où demeurait un certain général, prince Chalikoff, gouverneur des armées environnantes, et apporta la nouvelle que la grande colonie de Bélokane s’était soulevée, entraînant dans son mouvement les aoules voisines. Il ajoutait qu’une troupe de rebelles, formée de quelques milliers d’hommes, avait entouré la forteresse Zakatale et se préparait à l’assiéger ; enfin, l’envoyé prétendait que Hadji-Mourtouz était à leur tête et les dirigeait.

Il est nécessaire de dire que cet homme passait pour être dévoué au gouvernement russe : ses actes et ses services, pendant les dernières guerres, lui avaient valu plusieurs décorations, divers ordres pour récompense, et le titre de capitaine des armées russes. Après ces explications, il ne faut pas s’étonner si le général hésitait à croire à la complicité d’Hadji-Mourtouz. Toutefois, pris à l’improviste, il rassembla une poignée de soldats, et se dirigea vers le foyer de l’insurrection. Non loin de Bélokane, les Djarskzevs, montagnards des environs de Djarsk, vinrent à sa rencontre : ils étaient, pour la plupart, d’un âge respectable, et s’étaient autrefois plus ou moins distingués par des services rendus au gouvernement russe. Ils se rangèrent autour du