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VOYAGE DANS LES PROVINCES DU CAUCASE,


PAR BASILE VERESCHAGUINE[1].


TRADUIT DU RUSSE PAR Mme ET M. LE BARBIER (ERNEST).


1864-1865. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


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Costumes. — Armes. — Le Cabardin à cheval. — La Lesghinska. — Religion. — L’officier russe et le soldat en campagne. — Tableau des races qui habitent le Caucase. — Le Lesghien Hadji-Mourtouz. — Une insurrection dans les montagnes.

La femme cabardine nourrit seule ses enfants, et pourvoit même à l’existence de son mari. En droit, elle se trouve sous l’autorité immédiate du chef de la famille ; en fait, c’est autre chose.

Les femmes et les filles tissent les étoffes et cousent tous les vêtements, et, si le montagnard aime la parure, ce n’est pas tant parce que ses habits sont beaux et lui vont bien, que parce qu’il a une femme qui sait fabriquer son costume.


Vue du groupe central du Caucase, prise de la route.

Comme celui de tous les montagnards du Caucase, ce costume est composé de la manière suivante. Sur la chemise on porte des pantalons larges pour la plupart et un archalouka, ou espèce d’habit à courtes basques, avec un petit collet montant.

L’archalouka se referme sur la poitrine jusqu’au cou à l’aide de boutons et de boutonnières composées de petits nœuds de ficelle ; plus ces nœuds et ces boutonnières sont rapprochés, plus la poitrine ressort sous ces ornements, plus on reconnaît l’habileté de la femme dont les mains ont confectionné le costume du Cabardin. On met par-dessus l’archalouka le beschmète ou tcherkeska, robe tatare qui laisse la poitrine découverte et est retenue seulement par quelques agrafes et par une ceinture faite d’une mince courroie avec des ornements d’argent. De chaque côté de la poitrine sont adaptés des morceaux d’étoffe, tantôt d’une seule, tantôt de plusieurs nuances, avec des séparations destinées à des cylindres de bois. C’est là que les Cabardins placent leurs cartouches qu’ils enveloppent en outre de chiffons.

Dans l’intérieur des maisons ils portent pour chaussure des souliers de grosse peau, aux pointes relevées, avec de hauts talons, ou simplement des bas de laine ornés de dessins. Lorsqu’ils montent à cheval, ils portent des bottes en peau souple, à semelle molle, recouvertes de souliers de même sorte.

Leur tête rasée est coiffée d’un énorme bonnet, papach, fait de laine de mouton ; sur leurs épaules, ils jettent un manteau, bourka, également en laine de mouton. Le bonnet et le manteau sont incommodes par leur poids, surtout en été, mais il ne faut pas oublier que les montagnards sont sans cesse exposés aux variations de la température, et qu’ils trouvent leur avantage à être ainsi vêtus lorsqu’ils descendent des froides montagnes dans les chaudes vallées, ou lorsqu’ils retournent vers les cimes neigeuses.

Leurs armes consistent en poignards, pistolets et fusils. Il est à remarquer que les montagnards n’ont pas encore fait usage de capsules : leurs fusils et leurs pistolets sont tous à pierre. Les pistolets, suspendus à une corde, descendent par derrière jusqu’à la ceinture ; ils portent derrière le dos le fusil en bandoulière,

  1. Suite et fin. — Voy. pages 161 et 177.