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Le spectacle est vraiment magique : on voit s’étendre dans le lointain d’un horizon sans bornes ces géants à la tête toute blanche et brillante sous les chauds rayons d’un soleil du Midi. J’avais de la peine à croire que ce que j’apercevais au loin était véritablement une ligne de masses colossales de rochers, de glace et de neige, et non pas des nuages amoncelés par un orage au point où s’arrêtait ma vue

En sortant de Géorgievsk, on rencontre deux routes : l’une d’elles mène à Piatigorsk, à Kisslovodsk et à plusieurs autres endroits renommés dans les annales de la médecine pour leurs eaux minérales, qui sont ferrugineuses et sulfureuses, et dont la vertu salutaire est bien reconnue.


Cosaque.

Lorsqu’on a suivi pendant quelque temps cette direction, un majestueux panorama se déroule à l’horizon. C’est une série de montagnes qui se succèdent et s’élèvent graduellement avec des aspects saisissants et variés ; au plus loin, sur la droite, la cime altière de l’Elbrouss, couverte de neiges éternelles[1], et de l’autre côté les sommets du Kasbek à demi voilés par les nuages. Devant nous se dressaient trois montagnes isolées, dont l’une, le Maschouk, domine Piatigorsk de toute sa masse. La montagne et la ville ont été célébrées par un poëte bien connu, Lermontoff : c’est là qu’il place l’action de ses étranges et excentriques héros et héroïnes.

  1. L’Elbrouss (ou mieux El-Brouz), auquel un voyageur allemand n’accordait au commencement de ce siècle que cinq mille quatre cents pieds de hauteur, élève jusqu’à cinq mille six cents mètres son sommet trachitique couronné d’un cratère aujourd’hui plein d’eau. C’est le point culminant de toute la section de la sphère terrestre, comprise entre le méridien des monts Bolors et l’Atlantique, entre l’équateur et le pôle nord. — Le Kasbek, seconde cime du Caucase, a six cents mètres de moins. (Rédaction.)