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encore plus peuplés que ceux que j’avais traversés jusqu’alors, et qui ont aussi un aspect plus pittoresque. Dispersés sur les collines, ils offrent aux regards de longues rangées régulières de blanches maisonnettes, au milieu d’une luxuriante verdure.

Nous traversâmes ces bourgs sans accident jusqu’à la ville.

Quand je dis sans accident, j’en omets un assez caractéristique. Devant le perron d’une des stations, le iamschtik, ou voiturier, avait lancé ses chevaux avec une telle vitesse, qu’une téléga, dans laquelle se trouvait une famille de paysans, et qui cheminait devant nous, n’eut pas le temps de se ranger pour nous livrer passage ; il fallait donner contre eux, ou bien accrocher un poteau télégraphique posé près de là. Le iamschtik eut l’humanité de choisir ce dernier parti et heurta


Cosaque de la ligne.

fortement le poteau avec le timon de la voiture. À ce bruit accourut l’inspecteur de la station ; après avoir écouté l’explication du iamschtik, il lui dit d’un ton de reproche :

« Imbécile ! ne te rappelles-tu pas, la dernière fois que le télégraphe a été détérioré, combien de correspondances et de tracas nous avons eus à ce sujet ? Veux-tu les renouveler ? écrase-moi plutôt les gens, mais, pour Dieu, ne touche jamais à mon poteau ! »

Arrivés à Géorgievsk vers la nuit tombante, nous nous mîmes, tous les voyageurs ensemble, à la recherche d’un souper.

La seule auberge de la ville, située au coin de la place publique, était fermée de tous côtés, comme si elle avait eu à craindre un siége. Nous dûmes frapper longtemps à la porte cochère : des pas retentirent enfin sur l’escalier, et bientôt une voix se fit entendre à notre grande satisfaction, bien qu’elle fût de