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pour l’hiver, et, le plus souvent, lorsque cette saison est très-dure, il perd presque tout son bétail. Cependant, au milieu même de ce désastre, le Kalmouk reste impassible ; il songe que plusieurs vols bien réussis
Jeune Kalmouk.
compenseront sa perte, et même au delà. Ce qu’il y a de curieux, c’est que rarement il est pris sur le fait.

Bien souvent tout le voisinage sait de bonne source que tel ou tel est l’auteur d’un rapt accompli presque au grand jour ; mais le coupable trouve dans la loi russe les moyens de décliner toute responsabilité. Il ne suffit pas, en effet, pour soutenir une accusation de ce genre, de preuves non matérielles, et les témoignages, les indices, les demi-preuves, comme disent les juges, sont toujours rejetés comme non valables.


Femme nogaï.

Il est vrai que la piste joue un grand rôle dans ces sortes de procès, mais le voleur excelle dans l’art de faire disparaître toute trace de son passage.

La nourriture des Kalmouks est des plus simples. Une bouillie de farine délayée dans l’eau et cuite avec des morceaux de charognes de cheval ou d’un autre animal forme le fond de leur cuisine : la viande abattue est un luxe qu’ils ne se permettent guère.


Maison kalmouke.

En compensation, ils aiment et consomment beaucoup de thé ; mais les assaisonnements divers qu’ils y font entrer en pervertissent l’arome et le rendent désagréable au goût.

Ce sont des ivrognes fieffés, et sur ce point les femmes et les enfants ne le cèdent en rien aux hommes. À toute heure et en toute occasion, ils sont toujours prêts à boire jusqu’à perdre connaissance. C’est leur passe-temps le plus agréable et le plus ordinaire.