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Le docteur Hayes. — Dessin de A. de Neuville d’après le portrait donné dans l’édition anglaise.


VOYAGE À LA MER LIBRE DU PÔLE ARCTIQUE,


PAR LE DOCTEUR J. J. HAYES, CHIRURGIEN DE LA MARINE DES ÉTATS-UNIS.


1860-1862. — TRADUCTION ET DESSINS INÉDITS.


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Avant-propos. — Traversée de Boston au Groënland. — La discipline à bord. — Nos quartiers. — Le premier iceberg. Le cercle polaire. — Le soleil de minuit. — Le jour sans fin. — Approche de la terre. — Spectacle magique. — À l’ancre dans le port de Pröven. — Kayaks et Oumyacks. — Flore groënlandaise.

L’auteur de cette relation avait accompagné, en qualité de chirurgien, l’expédition qui, de 1853 à 1855, sous la direction du docteur Elisha Kane, explora les parages des détroits de Smith et de Kennedy et arbora le pavillon étoilé de la grande Union, sous une latitude que nul n’avait encore atteinte par la voie de la baie de Baffin, en face d’une vaste étendue de l’océan polaire, libre de glaces[1].

À son retour aux États-Unis, le docteur Hayes, dont la part personnelle dans ce voyage était la découverte de la terre de Grinnell, ne cessa de se préoccuper du projet d’aller reprendre le cours de ses recherches au point où il avait dû les abandonner. Partisan de la théorie scientifique qui, à la place d’un revêtement de glaces éternelles, admet autour du pôle Nord un espace de mer non congelée, et convaincu que cette mer devait être praticable pour tout navire qui parviendrait à traverser le cercle plus ou moins compacte de banquises et de montagnes de glaces qui forme la limite variable de ces eaux libres, il résolut d’ajouter de nouvelles preuves à toutes celles dont les navigateurs du seizième siècle, et plus récemment Scoresby, Wrangel, Parry et le docteur Kane, avaient déjà étayé cette hypothèse.

Soutenu dans son dessein par les conseils, les encouragements et les souscriptions des sociétés scientifiques et des savants les plus éminents de l’Amérique et du vieux monde, le docteur Hayes se trouvait, au printemps de 1860, dans le port de Boston, sur le schooner les États-Unis, gréé, équipé, aménagé et approvisionné avec tout le soin, toute la sollicitude que réclame la navigation des mers arctiques, et muni de tous les instruments d’observation que peut exiger, sous ces hautes latitudes, l’étude de la physique du globe. Onze marins d’élite formaient l’équipage de ce petit navire, qui portait encore, outre le commandant, un secrétaire, un aide-astronome, et le docteur Auguste Sonntag, jeune savant.

  1. Voy. Tour du Monde, t. I, p. 257.