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dit jusqu’au Tigre et passa sur la rive gauche, en face de Ctésiphon.

« À l’autre bord, une riche et verdoyante campagne couverte de vignobles et de vergers, nous offrit le repos dont nous avions besoin. Là s’élevait au milieu d’un bois de cyprès une résidence bien ombragée (diversorium opacum) dont les murs intérieurs couverts de peintures barbares, représentent le roi frappant de cent manières les bêtes fauves. Chez ce peuple, l’art ne figure jamais que des scènes de guerre, de meurtre et de carnage. » (xxiv, 6.)


Tak-Kesra. — Dessin de A. de Bar d’après une photographie.

Depuis longtemps, hélas ! les vignobles et les vergers ont fait place au plus maigre désert qu’aient brouté les moutons maigres et faméliques des Arabes Beni-Lam ou Chamar : mais il faudrait être fort prévenu pour ne pas voir dans le Bostan le diversorium, le pied à terre des rois Sassanides. Quant aux peintures intérieures, il va sans dire qu’il n’en reste pas la moindre trace, et il n’est pas bien certain que l’art ait beaucoup perdu à leur disparition. La manie que signale Ammien chez les rois persans est tout aussi vivace aujourd’hui qu’alors ; il n’y a pas de résidence royale dans la Perse moderne qui ne soit décorée de quelque fresque impossible, où un roi vêtu de bleu, avec une barbe noire qui tire l’œil à cin-