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horizontales comme des poutres, qui reposent sur le sommet des quatre monolithes. Ceux-ci ont au moins neuf mètres de haut (en ne comprenant pas ce qui est sous le sol) sur soixante-dix centimètres de diamètre, et sans être comparables aux obélisques d’Égypte, ils étonnent cependant par leur masse et leur nombre ; chaque gombroon en a quatre. On dit qu’ils ont été extraits d’une carrière située à huit ou dix lieues, et il a fallu les transporter sur un terrain sablonneux, aucune communication par eau n’existant avec la carrière. Il n’y a que le fanatisme religieux de l’Inde qui ait pu, comme celui de l’Égypte, exécuter de tels travaux, encore faut-il supposer une science assez avancée, pour que la mécanique appliquée soit parvenue à concentrer
Coupe transversale de l’escalier du Ghaut ou étang sacré.
les efforts de beaucoup d’hommes. Quel que soit le nombre des bras, il faut des machines pour enlever de telles pierres, pour les transporter et surtout pour les dresser à leur place. Nous en avons eu l’idée lors de l’érection de l’obélisque de Lougsor sur la place de la Concorde. On admire beaucoup ce dernier travail : les Indous et les Égyptiens en avaient fait autant il y a bien des siècles.
Galerie double appuyée à l’enceinte intérieure. — Dessin de H. Clerget.
Mon daubachi ne put répondre à aucune de mes questions sur l’époque et les moyens employés pour la mise en place de ces pierres ; il en revenait toujours à ce que c’était si ancien, qu’il y avait des milliers d’années, et qu’on l’avait oublié. Ces constructions sont certes très-anciennes ; mais il faut se défier de l’exagération des Indous, Il n’y a qu’à lire le traité si remarquable de l’abbé Dubois sur les mœurs et la religion des Indous pour en être convaincu.

Les quatre grandes pierres dont il est question ne sont jamais sculptées (du moins dans les pagodes que j’ai visitées) ; peut-être est-ce pour montrer qu’elles
Spécimens de sculptures des piliers et colonnes de la grande galerie. — Dessin de H. Clerget.
sont d’une seule pièce, tandis qu’à côté vers l’intérieur, sont, de chaque côté, quatre pilastres divisés en neuf assises par des moulures contenant, au nombre de vingt-quatre, des niches remplies de figures en pied. Ces pilastres ont à leur sommet une saillie ou chapiteau de pierres de plus en plus saillantes qui en soutiennent d’autres figurant des poutres, entre lesquelles sont des caissons ornés de sculptures très-ouvragées. Toutes ces sculptures, quel que soit le sujet représenté, conservent le type général : des formes arrondies et des positions forcées. Elles ont toutes trait à la religion et reproduisent des divinités, des incarnations ou des danseuses.

De chaque côté des portes et entre les grandes pierres, sont percés des passages ayant une colonne élégante au milieu et une sorte de fenêtre au-dessus. On monte à cette ouverture par des pierres faisant saillie et servant de marches. Cette disposition est commune à toute les portes que j’ai vues près de Pondichéry et de Madras. La partie qui sépare la porte de la tribune qui la surmonte est ornée de moulures et d’écussons très-soignés ; il en est de même des statues qui surmontent le chapi-