Page:Le Tour du monde - 16.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bœuf, quelques-unes ont une douzaine de bras brandissant des armes ou des têtes coupées. Plusieurs, paraissant indifférentes et à moitié endormies, sont assises sur un coussin avec une jambe pendante et l’autre sous le corps. Elles présentent un aspect plutôt repoussant que religieux et propre à inspirer le respect ou l’amour. Chaque niche est ornée sur les côtés de colonnes ou de pilastres couverts de sculptures en arabesques ou plutôt représentant des personnages ; ces ornements, de même que les chapiteaux et les soubassements, offrent une variété que l’on ne rencontre que dans notre gothique. Il y en a de très-élégants et dont nos architectes trouveraient certainement à profiter. Beaucoup sont de forme carrée, avec une partie renflée sous le chapiteau, lequel après avoir eu la forme d’un coussin, s’évase, recouvert par une plaque carrée très-saillante. Les sortes de frise qui séparent les étages ou les surmontent sont arrondies, formant en saillie une sorte de gouttière et portant de nombreux écussons ornés de sculptures et disposés souvent en coquilles perlées sur tout leur contour. Ces écussons contiennent des statues ou des têtes de divinités. Il y a aussi des dessous de frise qui paraissent ornés d’une suite d’oiseaux grossièrement dessinés, entre lesquels cependant la pierre est très-fouillée.


Pagode de Chillambaran. Cour intérieure menant au vieux sanctuaire no 29. — Dessin de H. Clerget.

L’étage supérieur de la partie en pierre a une hauteur double du premier ; il est beaucoup moins orné de sculptures ; il y a même de grandes surfaces qui en sont dénuées. Au milieu, près de la porte, sont deux grandes niches en briques, accompagnées de trois autres de chaque côté. Elles sont beaucoup plus grandes que celles du bas et toutes renferment des divinités bizarres. Celles des niches centrales sont d’une dimension colossale. Il est malheureux que le voyageur et surtout l’officier de marine, toujours à court de temps, soit forcé de se borner à des généralités. Deux ou trois semaines passées dans cette pagode auraient à peine suffi pour récolter tous les détails curieux d’une architecture, qui, pour différer de tout ce que nous connaissons, ne manque pas cependant d’élégance. Décrire des sculptures n’en donne pas l’idée ; les dessiner une à une exigerait des mois.

La base dont il vient d’être question et qui est en pierre dans toutes les pagodes, se trouve traversée par la grande porte d’entrée dont la hauteur est d’environ huit mètres sur quatre mètres cinquante centimètres de largeur. La forme est rectangulaire et la portion supérieure est formée d’énormes pierres placées à plat sur des pilastres ou sur le sommet de quatre grands monolithes qui se retrouvent avec des dimensions différentes il est vrai, sous toutes les portes de pagodes. Au milieu du plafond est un carré entouré de quatre grandes pierres