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Ces trois mille prêtres ont transporté, il y a plusieurs années, leur idole à Tirouvalour, ensuite à Négapatnam depuis que les musulmans et les Européens se sont emparés de leur ancienne pagode. Les brahmes disent que le 13 novembre 1755 le tonnerre tomba sur Sidambâra pendant un orage et frappa le sommet de l’une des pyramides. Les Indiens crurent que l’Isouara ou Çiva de Sidambâra avait apparu aux initiés la nuit d’avant sous la figure d’un jeune brahme, qu’il les avait éveillés pour déclarer qu’il ne voulait plus demeurer dans ce temple ; ils ajoutaient que l’éclair leur rappelait cette apparition. Les brahmes avaient certes raison d’évacuer leur pagode, tant elle avait été détériorée par les guerres plutôt que par le temps.


Vue de l’un des gombroons ou portique d’une pagode de Pondichéry. — Dessin de H. Clerget.

L’état des divers édifices prouve que s’ils ont été construits sous l’inspiration des mêmes idées, ils n’en ont pas moins des dates très-différentes. Les plus pauvres d’ornements paraissent être les plus anciens, mais l’énormité de l’ensemble et la similitude des parties ne laissent aucun doute sur la constance des idées de l’autorité qui les a élevées.

IL est probable que bien des générations y ont travaillé. Il s’y trouve des pierres qui par leur nature ont dû venir de plus de cent lieues, en traversant d’épaisses forêts et profitant peut-être d’une petite rivière pour une partie du trajet ; d’autres ont des dimensions qui rappellent celles qui étonnent en Égypte et dont le transport en Europe a été considéré comme un tour de force.

Ces immenses travaux amènent aussi à un autre genre de réflexion ; c’est à établir une comparaison entre les diverses causes qui ont entraîné les hommes