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— Pour un pauvre vieux que je suis, fit le bonhomme, il vaut mieux prendre la moins pesante. »

Ainsi fut fait, et, selon la recommandation de la jeune fille, il n’ouvrit la corbeille qu’après être rentré à la maison. Elle était pleine des plus beaux habits.

Le vieux dit à sa femme, qui était présente, d’où provenait cette richesse.

Je pourrai bien en faire autant, pensa-t-elle, et, de son côté, elle se mit à la recherche du moineau.

Quand elle fut sur la colline, elle vit, en effet, la même apparition, et la belle jeune fille, tout en lui reprochant ses mauvais procédés, lui présenta aussi deux corbeilles, l’une très-lourde, l’autre légère :

« Mon mari sera bien étonné quand il verra que je rapporte encore plus que lui à la maison, se dit la vieille en soulevant la corbeille la plus pesante. »

Elle la charge sur ses épaules, arrive avec peine, s’empresse d’ouvrir le couvercle… et, quelle n’est pas sa confusion, en présence de son mari, lorsqu’elle voit sortir de la corbeille deux affreux diablotins, qui partent ricanant, glapissant, gambadant et lui faisant la nique !


Un astrologue en plein vent. — Dessin de A. de Neuville d’après une peinture japonaise.


LE MAGICIEN MALGRÉ LUI.

Il y avait aussi un autre vieux couple, sans enfants ; un vrai couple de braves gens ; seulement, la femme était un peu bavarde. Ils possédaient, pour tout luxe, un chien favori.

Or, un bon esprit faisait sa demeure dans le corps du fidèle animal.

Un jour celui-ci conduisit le vieillard dans un bois, et lui indiqua l’endroit où un trésor était enfoui.

La vieille en causa, et cela parvint aux oreilles d’un voisin, qui était un méchant homme.

Celui-ci força le chien de le conduire aussi dans le même bois ; mais ayant creusé à l’endroit que le chien lui désignait, il n’y trouva que des pierres. Transporté de fureur, il tua la pauvre bête, et l’enterra sur place. Quand le vieillard eut appris ce qui s’était passé, il ne demanda, dans sa douleur, qu’à savoir où reposait le corps de son ami.

Le méchant voisin le lui ayant dit, il y alla, et, abattant l’arbre au pied duquel le chien était enterré, il façonna de ses branches une petite chapelle à la mémoire du fidèle animal. Quant au tronc, il en fit un mortier pour piler son riz. Mais à peine eut-il commencé à se servir de cet ustensile qu’il en sortit de l’or.

La vieille le dit en grand secret à l’oreille d’une voisine. Le lendemain le méchant voisin venait emprunter le mortier, Le vieillard s’empressa de le lui prêter.

Cependant le voisin ne réussit pas à en faire sortir de l’or, et, dans sa rage, il brûla le mortier.