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publiée en cent volumes par le docteur Firo-Sada, et que l’an 825 dota l’empire de ses premiers hôpitaux.

Pendant longtemps, néanmoins, le Japon fut tributaire de la Chine, aussi bien en ce qui concerne la science médicale que les autres branches des connaissances humaines. Le Céleste Empire lui fournissait des ouvrages d’anatomie, des traités de botanique, des livres de recettes, de doctes professeurs, des praticiens empiriques et des médicaments tout préparés pour guérir une infinité de maux.

Dans la seconde moitié du onzième siècle, le marchand chinois Wangman sut se faire une fortune en venant vendre au Japon des médecines et des perroquets.

D’autres industriels ajoutaient aux ressources de l’art les secrets de la magie. De nos jours encore leurs successeurs colportent dans les villes et dans les campagnes des kirimons munis de signes cabalistiques, vêtements dont l’application, faite en due forme et en temps opportun sur le corps du patient, a la vertu de rappeler un moribond à la vie. Les moines, de leur côté, connaissent des prières et des paroles sacramentelles qui arrêtent les hémorrhagies, cicatrisent les plaies, exorcisent les insectes, guérissent de la brûlure et conjurent les sorts jetés sur les hommes et sur les animaux.


Un médecin de qualité. — Dessin de A. de Neuville d’après une esquisse japonaise.

Deux grands événements, survenus l’un au commencement, l’autre à la fin du dix-septième siècle, ont empêché que les travaux scientifiques de la confrérie des médecins ne fussent peu à peu ensevelis sous les ténèbres croissantes des superstitions bouddhistes : le premier est l’arrivée des Hollandais, qui reçurent leurs lettres de franchise et inaugurèrent leur factorerie à Firando sous la direction du surintendant van Specx, l’an 1609 ; et le deuxième est la fondation de l’université de Yédo, qui eut lieu sous le règne du trente-sixième Siogoun, Tsouna-Yosi, quatrième successeur de Hiéyas, la première année du séjour de Kæmpfer au Japon, savoir en 1690.

Thunberg raconte que, vers le milieu du siècle suivant, se trouvant à Yédo en qualité d’attaché à l’ambassade bisannuelle du surintendant hollandais de Décima, il obtint du Siogoun la permission de recevoir la visite de cinq médecins et de deux astronomes de la Cour ; il eut avec eux de longs entretiens et put se convaincre, surtout par la conversation des premiers, qu’ils avaient puisé des connaissances variées en histoire naturelle, en physique, en médecine et en chirurgie, non-seulement aux sources chinoises traditionnelles, mais dans des ouvrages hollandais.

Plus tard, les médecins de la factorerie ayant été autorisés à former des élèves, rivalisèrent de zèle et de dévouement, les uns après les autres, pour les familiariser avec la science de l’Occident.