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Les auteurs arabes font des récits extraordinaires sur l’éclairage somptueux de la mosquée au temps des Arabes : plus de sept mille lampes suivant les uns, près de douze mille suivant d’autres, étaient allumées jour et nuit. Une particularité assez singulière, c’est que parmi ces lampes se trouvaient des cloches provenant de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle ; ces cloches, que le Khalife Al-Mansúr avait fait apporter de la Galice sur les épaules d’esclaves chrétiens, avaient été renversées et suspendues à la voûte au moyen de chaînes d’argent. Un autre Espagnol du seizième siècle, Marmol Carbajal, assure dans sa curieuse Descripcion de Africa, en avoir vu de semblables dans une mosquée de Fez. La tradition rapporte que lorsque saint Ferdinand s’empara de Cordoue, il fit enlever ces lampes d’un nouveau genre, et donna l’ordre
Aldabon (heurtoir) moresque de la Puerta del Perdon, mosquée de Cordoue (quinzième siècle). — Dessin de Catenacci d’après Ch. Davillier.
qu’elles fussent reportées sur les épaules par des prisonniers musulmans jusqu’à leur emplacement primitif, où leur ancienne destination leur fut rendue.

Outre cette étonnante quantité de lampes, la mosquée possédait encore un grand nombre de chandeliers de différentes formes ; on en comptait deux cent quatre-vingts de cuivre, outre ceux qui servaient à l’éclairage des portes. On admirait de plus trois grands chandeliers d’argent massif, dont l’un n’avait pas moins de quatorze cent cinquante-quatre becs. Les écrivains arabes, qui se complaisent aux plus minutieux détails sur ce sujet, assurent que chacun des chandeliers d’argent consumait chaque nuit sept arrobas (près de quarante kilogrammes) d’huile ; la consommation totale pour l’année s’élevait à plus de mille arrobas, ou deux cent cinquante quintaux. Pendant le seul mois du Rama-