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labes ; il arrive quelquefois qu’un vers a un pied de trop, mais la plupart du temps les improvisateurs n’y regardent pas de très-près ; ils en sont quittes pour rétablir l’équilibre en donnant un pied de moins au vers suivant.

Les Aragonais sont très-fiers de leur danse, qu’ils célèbrent avec enthousiasme dans leurs chansons populaires : « Si une jolie Aragonaise, dit une de ces chansons, avec son élégance toute céleste, daigne danser la jota, elle répand la grâce autour d’elle : »

 « Si una linda Aragonesa
Con su garbo celestial
Se digna bailar la Jota,
Va esparramando la sal.


Une famille de danseurs nomades. — Dessin de Gustave Doré.

Voici comment une poésie locale dépeint une jeune fille d’Aragon dont la danse est si gracieuse, qu’à chacun de ses mouvements elle décoche une flèche qui transperce les cœurs :

Mientras que baila la Jota
Una niña de Aragon,
Su garbo es una saeta
Que atraviesa el corazon.

Dans ces deux autres couplets, la danse aragonaise est naïvement mise bien au-dessus de toutes les autres danses espagnoles :

Dicen que las Andaluzas
Las mas salerosas son,
Mas en gracia las esceden
Las muchachas de Aragon !
Los que ensalsan la Cachucha
De Cádiz y de Jerez,