Page:Le Tour du monde - 16.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À partir de soixante centimètres elle va finissant en pointe comme un toit ; son épaisseur totale est de vingt centimètres. J’en ai dessiné exactement tous les détails, et je suis, au dire des habitants, le premier qui l’ait vue et copiée, puisque c’est depuis peu de temps qu’elle a été déterrée ; on ne vient pas souvent à Taksebt. Les ruines s’étendent jusqu’à Sidi-Khaled, qui est le port de ce petit endroit.

Loi le dépiquage des grains de la moisson était très-actif, et l’on y employait même les femmes dont les unes, assises en cercle, frappaient en mesure sur les épis avec des maillets ronds à peu près de la forme d’une bouteille, tandis que d’autres jetaient au vent, avec de forts tamis, la paille et les grains, pour ne conserver que ces derniers qui retombaient en pluie autour d’elles. Un homme aussi noir qu’un nègre, n’ayant presque pour vêtement qu’un tablier de cuir et un grand chapeau de paille, balayait à mesure le terrain avec un faisceau de brandilles de lauriers-roses.

Encadrons cette scène champêtre d’un rideau d’aloès en fleurs et de cactus, reculons à une dizaine de lieues l’horizon de caps plus ou moins bleuâtres dont les pointes viennent se perdre dans la mer, et nous aurons un tableau de moissonneurs dont les guérets de la Brie ou de la Beauce ne peuvent donner la moindre idée (voy. p. 297). À cinq heures je descendis jusqu’à la mer par
Meule à broyer les olives. — Dessin de Stop d’après le commandant Duhousset.
un bois de figuiers et d’oliviers. — Mais avant de m’éloigner des ruines romaines, je dois faire une réflexion sur les amphores en général et sur celle de Taksebt en particulier.

Le mot amphore, dans son origine, veut dire chose à porter par les deux côtés, c’est-à-dire que l’on peut saisir par deux anses, probablement en raison du poids qu’on doit enlever. — Il y avait les amphores sessiles et les amphores non sessiles ; la signification du mot sessile est : « qui peut s’asseoir, se reposer. » Les vases kabyles des Beni-Raten se terminent tous par une pointe ou sorte de cône qui ne leur permet pas de se tenir d’aplomb sans être appuyés à autre chose ou fichés en terre.

J’en avais un de cette forme, comme ceux que l’on voit toujours sur le dos des femmes qui vont à la fontaine ; j’eus la curiosité de le remplir d’eau et de le peser : contenant et contenu formaient un total de vingt-sept kilogrammes ; assez beau poids pour un fardeau de femme. Si l’on réfléchit que, dès l’âge de douze ans, les femmes kabyles sont obligées de descendre deux fois par jour des hauteurs sur lesquelles sont placés tous les villages, dans les ravins où coulent généralement les sources, pour y remplir leurs cruches, et par conséquent de remonter ces mêmes rampes avec un faix de cinquante-quatre livres, on n’aura pas besoin d’être galant pour trouver que c’est trop. La