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dions pleurer le mauvais succès de leurs tentatives et le vide de leur estomac.

Le 24, nous partions pour nous rendre au cap Corbelin, puis à Zefloun, anciennement position très-forte, occupée par les Romains ; c’est le Rusazus des anciens.

Nous descendîmes toute la matinée par des chemins très-escarpés, pour arriver à la vallée de l’Oued el Hamam où nous reposâmes une heure, afin de donner à notre bagage le temps de nous rejoindre un peu plus tôt, car les sentiers tracés sur des roches superposées rendaient la descente non-seulement pénible, mais périlleuse pour des bêtes lourdement chargées de nos tentes et de nos cantines. La voie, souvent réduite à un étroit sillon au milieu de buissons épineux, ces arbustes où nous laissions des lambeaux de nos vêtements,
Femme kabyle. — Dessin de Stop d’après un croquis du commandant Duhousset.
les touffes de cactus et de ronces qui rayaient parfois nos bottes et même nos selles, tous ces obstacles, mille fois répétés, ne nous laissaient pas sans quelques craintes au sujet de nos bagages.

Après une heure de repos dans les figuiers, ne voyant pas arriver nos gens, nous nous mîmes à gravir la montagne au bout de laquelle se trouve la ville morte que nous allions visiter ; nous montâmes ainsi près de cinq cents mètres pour arriver à un village, appelé Hanziouan, dont les habitants tentèrent tout ce qu’ils purent pour nous décider à faire halte afin de consommer sur place la diffa qui leur était commandée, et qu’ils craignaient d’avoir à porter jusqu’aux ruines dont nous prenions le chemin et distantes d’à peu près trois kilomètres. Ces malheureux ne prévoyaient pas encore tout, hélas ! Nous passâmes sans nous arrêter pour attein-