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nu, humide, souillé d’ordures et rarement adouci par une natte, sert de couche à la famille ; les vêtements sont des haillons crasseux, la nourriture est grossière et insuffisante.

« Dans cette esquisse du dénûment de toutes les choses les plus nécessaires à la vie et de l’inobservance la plus aveugle des règles les plus simples de l’hygiène, on surprend toutes les causes qui peuvent engendrer les maladies contagieuses et en particulier le typhus. »

À ces esquisses de mœurs il n’est pas inutile peut-être d’ajouter quelques détails de statistique, empruntés à un document officiel publié en 1860.

Il y a en France neuf départements moins peuplés que la Kabylie : ce sont les Basses-Alpes, les Hautes-Alpes, l’Ariége, le Cantal, la Corse, la Lozère, les Basses et Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne.

Trois départements sont moins étendus, Le Rhône, la Seine et Vaucluse.

La population spécifique de la France est en moyenne de 67 habitants et 963 millièmes par kilomètre carré, celle de la Kabylie est de 67 723 ; il en résulte que vingt-huit départements français ont une moyenne plus forte, un seul une population égale et cinquante-sept une moyenne plus faible.


Bijoux Kabyles. — Dessin du commandant Duhousset.

Ibeimen[illisible], épingles-crochets. — Tasath, colliers en corail, argent, boutons et verroteries. — Dah, bracelet en argent. — Khalkhal, bracelet pour la jambe. — Kounets[illisible], boucles d’oreille, en général. — Zéroutar[illisible], énormes boucles, portées à la partie supérieure de l’oreille. — Thacebi, diadème argent et corail. — Thiounissin, légères boucles.

Il se faisait tard ; je laissai mon voyageur méditant sur les renseignements que je venais de lui donner et peut-être mieux édifié sur l’état civil et moral des kabyles qu’il ne l’avait été jusqu’alors.


IV

De Bougie à Dellys (suite). — Ruines et végétation. — Le figuier et sa culture. — Poterie ancienne et moderne. — Sangliers et panthères.

Nous avions à faire une fort longue course pour le lendemain ; aussi partîmes-nous de Toudja de grand matin. Après avoir gravi des collines, traversé des taillis, puis une forêt de chênes-liéges, nous fîmes la halte du déjeuner à Djebla, et le soir, à sept heures, nous arrivions dans les environs de Ain Cheffa, en un lieu appelé Ighil Mekhled, où nous trouvâmes une copieuse diffa pour les hommes et les chevaux du gros de notre troupe, qui n’avait pas fait partie de la dernière excursion et nous attendait depuis la veille.

Il nous arrivait quelquefois, pendant la route, d’être accompagnés par une dizaine de chacals, qui suivaient nos mulets à une soixantaine de pas en arrière, comme feraient des flanqueurs ; puis la nuit nous les enten-