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biera, briera, qui signifiait au moyen âge : plaine ; mais ces ressemblances de noms n’apportent aucune lumière à l’esprit.

Certains récits, bien que fabuleux, intéressent davantage que ces recherches puériles, parce qu’ils sont l’écho poétique de la crédulité populaire ; telle est la légende mystérieuse qui a longtemps circulé parmi les bûcherons et les chasseurs : la forêt avait son Robin-des-Bois sous le titre de Grand Veneur. « On cherche encore, dit Sully, de quelle nature pouvait être ce prestige, vu si souvent et par tant d’yeux, dans la forêt de Fontainebleau. C’était un fantôme environné d’une meute de chiens, dont on entendait les cris et qu’on voyait de loin, mais qui disparaissait dès qu’on approchait. »

Un danger plus redoutable que la rencontre du chasseur noir était celui des voleurs, qui se réfugiaient dans des grottes d’un abord difficile, quelquefois assez profondes comme la Caverne des brigands des gorges d’Apremont, qui, sous Louis XV encore, servait de repaire à un nommé Tissier et à sa bande ; ce n’est plus aujourd’hui qu’un lieu fréquenté par les curieux et dans le voisinage duquel s’établit dans la belle saison une buvette.

La forêt de Fontainebleau.

Nous avons déjà dit comment le roi saint Louis, en 1264, poursuivant un cerf et séparé de sa suite, fut un jour attaqué par des brigands ; il sonna du cor ; ses gens accoururent et le délivrèrent. Une chapelle fut élevée à cet endroit, situé à gauche de la route de Fontainebleau à Melun et qui porte le nom de Butte Saint-Louis. Elle fut détruite en 1701, parce que plusieurs ermites qui la desservaient y furent tués.

D’autres anachorètes eurent également une fin funeste à un ermitage situé à Franchard, un des endroits aujourd’hui les plus célèbres et les plus visités de la forêt. L’extrait suivant, traduit d’une lettre adressée par Étienne, abbé de Sainte-Geneviève, à Paris, à un frère Guillaume, qui était venu chercher dans cette retraite isolée les rigueurs de l’antique Thébaïde, montre au prix de quelle abnégation, de quelles rudes austérités certaines âmes pieuses, au douzième siècle, s’efforçaient de mériter le ciel : « Je ne vous dissimulerai pas que vos fréquentes infirmités et la faiblesse de votre consti-