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— Pas si loin. La fumée, il est vrai, tournoie un peu dans la pièce, hésite quelque temps ; mais elle finit toujours par monter dans le tuyau. Si la cuisinière étouffe, elle ouvre la moitié de cette porte brisée, comme je le fais en ce moment, et elle se donne de l’air. Il y a d’ailleurs devant la porte un petit terrassement et une sorte de guérite appuyée contre la maison, où elle dépose tout ce qui la gêne. Regardez. »

Ces naïfs détails m’expliquèrent la sombre teinte et la surface lustrée des parois, sous la suie résineuse qui les avait enduites. On aurait cru voir un antre noirci par la flamme plutôt qu’un lieu destiné à la préparation des aliments.

« Et pourquoi, demandai-je encore, n’a-t-on pas percé une fenêtre ou une lucarne dans le mur, afin d’éclairer le pièce ?

— Ce n’est pas l’habitude ; et puis le feu de branches éclaire assez. »

Le propriétaire du logis se montrant si satisfait, j’aurais eu mauvaise grâce de continuer mes observations critiques. Je supprimai donc toute réflexion, comme un homme convaincu par des arguments péremptoires.


Oberkiren. — Dessin de Stroobant d’après nature.

En sortant de la cuisine, le pasteur me montra des pièces supplémentaires, à droite du vestibule, qui servent pour coucher les enfants ou pour emmagasiner toutes sortes d’ustensiles et de provisions. La chaleur surabondante du poêle les a bientôt rendues tièdes, quand on ouvre les portes.

Telle est la forme générale des habitations dans le Schwartzwald ; elles sont plus ou moins grandes, mais diffèrent très-peu comme disposition architectonique. Lorsqu’on approche de la frontière méridionale seulement, les agrestes constructions imitent les chalets suisses ; la demeure est alors à quatre faces, un balcon règne autour du premier étage, les auvents de la toiture s’élargissent ; l’intérieur aussi devient plus élégant, des moulures ornent les plafonds et les parois. Mais ce n’est plus l’habitation indigène, produit du sol et de l’imagination populaire.

Alfred Michiels.

(La suite à la prochaine livraison.)