Page:Le Tour du monde - 16.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

2 lieutenants des chasses à courre ; 1 premier piqueur ; 2 autres piqueurs ; 4 valets de limiers, dont 2 à pied et 2 à cheval ; 4 valets de chiens à cheval, 4 à pied ; 50 chevaux de chasse ; 100 chiens pour le cerf ; 20 limiers et 7 hommes d’écurie. »

Deux autres jardins sont réservés : l’un, celui de l’Orangerie ou de Diane, bordé d’un côté par la longue galerie des Cerfs, est tout à fait interdit au public ; l’autre, dit le Jardin anglais, est, pendant l’absence de la Cour, ouvert à certaines heures du jour. (Il est situé en dehors et à gauche de la même vue gravée.) Il a été dessiné sous l’Empire, et planté de platanes, de sophoras, de catalpas, de tulipiers, de cyprès de la Louisiane, etc… Il est bordé d’un côté par l’étang des Carpes, d’un autre par l’aile de bâtiments que Louis XV fit construire sur la cour du Cheval-Blanc. C’est dans le pavillon d’angle, à l’entrée du jardin anglais, qu’ont été disposés, au rez-de-chaussée, des salons de réunion pour l’Empereur et pour l’Impératrice, et que sont réunis les curiosités japonaises et les divers objets offerts par les ambassadeurs siamois.

Sur le même jardin, mais à l’autre extrémité de l’aile, on peut apercevoir, à travers des arcades, des figures colossales grossièrement sculptées dans des morceaux de grès rapportés. Ces cariatides, fidèlement rendues par la gravure ci-jointe, faisaient partie d’une grotte dite du Jardin des Pins, nom donné, sous François Ier, à cette partie du jardin.

Le parc et les jardins sont le plus souvent déserts, ou traversés de temps à autre par quelques rares habitants de la ville, gens d’humeur casanière. Jardins et promeneurs n’offrent rien de particulier qui puisse attirer l’attention des touristes.


Cariatides de la grotte du jardin des Pins (jardin anglais). — Dessin de E. Thérond d’après nature.

Il est une autre classe d’indigènes, population muette mais frétillante, qui mérite d’être signalée : ce sont les carpes de l’étang ; personnages ayant leur genre de célébrité (quelques-unes sont appelées, en ce moment, à exhiber leur embonpoint à l’Exposition universelle). Les voyageurs ne manquent jamais d’aller leur faire visite ; visite qu’ils prolongent parfois assez longtemps et qui se passe à jeter du haut du terre-plein de la cour de la Fontaine des morceaux de pain à ces voraces et à voir le tumultueux spectacle de leur gloutonnerie. Une très-grande dame du siècle de Louis XIV disait qu’elle avait le malheur de ne pas aimer les plaisirs innocents ; le bon public, au contraire, non-seulement les aime, mais il a le mérite de ne pas s’en lasser ; il y a toujours pour lui un nouvel attrait à s’arrêter devant les ours du Jardin des plantes, à Paris, ou devant les carpes de Fontainebleau[1]. — Nous finirons par ces grasses commères de l’étang notre revue et cet article, nous excusant si un aussi royal sujet que la description du Palais de Fontainebleau se termine si humblement et desinit in piscem.

Du Pays.

(La fin à la prochaine livraison.)


  1. « La pièce d’eau des Carpes ayant été mise entièrement à sec en 1815, lors de l’occupation par les puissances étrangères, les poissons furent tous pillés et enlevés par les Cosaques ; il n’y a donc pas de carpe plus ancienne que cette date. » Elle a été de nouveau mise à sec à la fin de l’année 1866 et 2 000 carpes mesurant de 18 à 30 centimètres, ont été remises à l’adjudicataire de la pêche. 1 250 des plus grosses et beaucoup de petites ont été déposées provisoirement dans le bassin du Tibre, au milieu du parterre. en attendant que l’étang fût de nouveau rempli d’eau.