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Le village d’Hienghène. — Dessin de Moynet d’après une photographie.


VOYAGE À LA NOUVELLE-CALÉDONIE,


PAR M. JULES GARNIER, INGÉNIEUR CIVIL DES MINES[1],


1863-1866. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


X


Houagap. — Hienghène. — Poëbo. — Décroissance et mortalité parmi les indigènes. — Un triste problème ethnographique.

Depuis plusieurs années, les missionnaires étaient établis à Houagap lorsque, en 1862, les naturels attaquèrent la mission et en firent le siége. La garnison de Kanala avertie, envoya au secours de l’établissement une baleinière, dix hommes et un sergent ; ceux-ci purent en arrivant traverser la ligne des assiégeants et pénétrer dans la maison, où ils se maintinrent pendant plusieurs jours. Un armistice venait d’être arrêté entre le sergent et un chef lorsque l’aviso la Gazelle arriva avec des troupes, assez à temps pour que l’on n’eût encore à déplorer la mort de personne. À la suite de ces événements, on mit à prix la tête des quatre chefs qui en avaient été les meneurs ; trois d’entre eux vinrent se rendre, dans l’espoir d’avoir la vie sauve, mais il fallait un exemple et leur sentence était déjà prononcée, Les malheureux se voyant perdus, trouvèrent moyen de briser leurs fers et de s’échapper ensemble de la tente dans laquelle ils étaient prisonniers ; mais plusieurs sentinelles veillaient sur eux, et ils périrent sous les coups de baïonnette.

Le premier instigateur de la révolte, Onine, grand chef d’Amoi, se réfugia dans la montagne où il ne put être pris ; son territoire fut confisqué. Un peu après, il obtint sa grâce et se retira dans son village,

J’allai un jour le visiter en compagnie de mon ami, le docteur Vieillard, savant simple et modeste, véritable

  1. Suite. — Voy. pages 165, 161 et 177.