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soldats, n’est guère que de mille âmes ; la santé générale n’est donc pas trop compromise ; en sera-t-il de même si la ville grandit encore ? Je ne le crois pas ; il serait urgent de chercher un remède à ce mal. Faire venir l’eau du ruisseau du Pont des Français, comme on l’avait projeté, est à peu près impraticable, car les dix kilomètres qui séparent les deux points sont découpés par un grand nombre de collines, de marais, etc. ; ce serait un énorme travail. — Établir un réservoir des eaux pluviales à Nouméa même serait plus facile, vu la forme d’immense entonnoir, qu’affecte le sol où s’élève la ville.

Ce relief du terrain est un autre défaut capital de cet emplacement ; en effet, la chaîne de montagnes qui termine ici la presqu’île est d’une assez grande altitude et se termine par une échancrure à pentes escarpées, de laquelle se détachent divers contre-forts étroits et accidentés ; c’est sur ces derniers et sur les parois à pentes roides que la ville a dû s’étager et, pour comble de malheur, par je ne sais quelle cause erronée, à la surface de cet emplacement si accidenté, on a tracé les rues de la ville en ligne droite et perpendiculaires les unes aux autres, de sorte que leur exécution
Hôtel du gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa. — Dessin de Moynet d’après une photographie.
nécessite des travaux de tranchées très-longs et très-dispendieux qui laissent sur les bords des rues des talus formant des murailles de plusieurs mètres de hauteur ; les maisons sont alors huchées sur ces buttes, dont les niveaux sont très-variables, ce qui fait que les habitations offrent l’aspect le plus irrégulier et le moins symétrique qu’on puisse imaginer ; il semblerait que les rues ont été tracées sur un plan du terrain, sans tenir compte des courbes de niveau ; combien de travaux l’on eût évités cependant en faisant suivre aux rues les courbes de niveau et des lignes transversales inclinées suivant des pentes convenables, et combien à cela la ville eût gagné en beauté et eût économisé de temps, c’est-à-dire de l’argent !

Je suis forcé d’ajouter, et mon avis est celui de tous ceux qui connaissent la Nouvelle-Calédonie, que le progrès de la colonie est attaché à la translation de la capitale sur les bords d’un de ces cours d’eau qui ont créé jadis les grandes plaines de l’île et qui les fécondent aujourd’hui.

Jules Garnier.

(La suite à la prochaine livraison.)`