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Les positions astronomiques que le voyageur anglais a consignées dans le Mémoire explicatif qui accompagne sa carte de la rivière des Purus, donnent à son travail un cachet d’autorité contre lequel la critique ne saurait songer à protester.

Dans le livre qui doit reproduire en entier notre traversée de l’Amérique du Sud, dont le Tour du Monde n’a publié que de longs extraits, nous donnerons, avec la carte des affluents inexplorés de l’Amazone que le lecteur a eue sous les yeux, une seconde carte où la naissance et le cours de ces mêmes affluents seront rectifiés d’après les nouvelles observations. Ce double travail, placé en regard, sera comme un tableau comparatif de l’hydrographie du bassin de l’Amazone, telle qu’on la comprenait en 1860-64 et telle qu’on doit l’admettre en 1867.

P. M.


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NOTE DE LA RÉDACTION.

Cette livraison était déjà sous presse, lorsque les rapports des voyages de M. Chandless ont été publiés dans le dernier volume du journal de la Société géographique de Londres et dans le septième numéro (juillet 1867) des Mittheilungen. Désireux de mettre nos lecteurs au courant d’une question qui, pour les habitants du Pérou et du Brésil, présente un intérêt aussi profond que celui qu’éveille parmi les géographes de notre hémisphère la recherche des sources du Nil, nous nous empressons de résumer les documents publiés à ce sujet par les deux savants recueils de Londres et de Gotha.

Tout ce que nous connaissions jusqu’à présent du cours du Purus se réduisait à ceci : Rivière de première grandeur, tombant dans l’Amazone par quatre embouchures, elle était supposée avoir son origine dans le Pérou, non loin de Cuzco ; le plus grand désir des habitants de cette contrée était de trouver dans ce cours d’eau un moyen de communication avec le reste du monde et une route directe pour l’exportation de leurs richesses minérales et autres, sans avoir à supporter les énormes frais et à combattre les grandes difficultés qu’exige leur transport à travers la chaîne des Andes.

Aucun des anciens maîtres de ces régions, ni les gouvernements d’Espagne, ni ceux de Portugal, ni leurs successeurs, n’avaient fait la moindre tentative pour vérifier si le Purus remplissait les conditions cherchées ; la crainte des tribus sauvages qui vivent sur ses affluents supérieurs semble avoir été un obstacle infranchissable pour eux.

En 1864 et en 1866, un simple particulier, M. Chandless a, volontairement et à ses risques et périls, remonté le Purus et son affluent l’Aquiry, jusque dans le voisinage de leurs sources. Les résultats de cette courageuse entreprise désappointeront autant les espérances des Péruviens qu’ils apporteront de modification dans les cartes existantes des hauts affluents de l’Amazone. Un simple coup d’œil, en effet, jeté sur l’esquisse que nous empruntons à notre éminent confrère Pétermann (voy. 153), prouve :

1o Que tous ces cours d’eau ne coupent pas perpendiculairement les parallèles de l’équateur, mais doivent les croiser, au contraire, sous un angle assez aigu, et que loin d’avoir leurs sources sur des massifs montagneux, ceux d’entre eux qui portent l’appellation d’eaux noires ne sont, en quelque sorte, que les canaux de drainage d’une immense plaine boisée, remplaçant un vaste lac d’eau douce d’une période géologique peu reculée.

2o Que les plus hautes sources du Purus n’atteignent pas, à trois degrés près, la latitude de Cuzco, dont elles restent séparées par plusieurs chaînes de montagnes et par le bassin du Rio Madre-de-Dios, qui porte ses eaux au Béni, branche occidentale du Madeira, et non au Purus, comme on l’a cru longtemps, comme on était surtout fondé à le croire depuis l’exploration que M. Markham, secrétaire de la Société de géographie de Londres, avait faite en 1854-1861, des affluents du Madre-de-Dios.

3o Enfin, que tout le bassin de l’Ucayali avec toutes ses vallées tributaires et latérales doit être rejeté de plus d’un degré à l’ouest.

« Les longitudes des plus hauts points que j’ai atteints sur le Purus, dit M. Chandless, croiseraient le cours de l’Ucayali sur la plupart des cartes, mais j’ignore comment les longitudes de cette rivière ont jamais été déterminées. »

Les tracés du Purus et de l’Aquiry, son principal affluent, tels que les a donnés ce voyageur, résultent des coordonnées de soixante-dix-neuf observations de latitude et de non moins de soixante relevés chronométriques, contrôlés par les calculs d’une douzaine d’occultations d’étoiles et de deux éclipses, l’une de soleil, l’autre de lune.

Les six positions suivantes, prises entre trente autres, donnent une idée des corrections que doit subir cette partie de la carte de l’Amérique.


Latitude. Longitude.
Manaos (position rectifiée) 3° 8′ 4″ 62° 27′
Tête du Delta du Purus 3° 53′ 20″ 63° 41′
Confluent de l’Aquiry 8° 45′ 6″ 69° 46′
Fourche du Purus 10° 45′ » 74° 15′
Plus haut point atteint sur la branche sud. 10° 55′ » 74° 42′
Plus haut point atteint sur l’Aquiry 11° 4′ » 72° 46′