Page:Le Tour du monde - 16.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IDIOME TUPI.
trois, mésapéré. trois cents, mésapéré-papasaü.
cent, iépé-papasaü.
deux cents, mocoën-papasaü.

Au delà de trois et de trois cents les Brésiliens de la province du Para comptent par duplication ou en se servant de la langue portugaise.

Les lieux abandonnés par les Tupinambas furent immédiatement occupés par des Indiens Abacaxis, Canumas et Maüès, tirés des lacs et des igarapés voisins. Deux Missions fondées par les Jésuites réunirent ces indigènes ; une d’elles fut affectée aux seuls Abacaxis ; l’autre reçut pêle-mêle des Canumas et des Maüès.

En 1798, il ne restait de ces Missions que deux pauvres villages à peu près déserts ; pour les repeupler, on fit main basse sur des Abacaxis et des Maüès qui vivaient aux environs à l’état de nature ; à ces Indiens on adjoignit un certain nombre de Turas et de Mundurucus pris entre les rivières Madeira et Tapajoz, puis la direction spirituelle des deux postes fut confiée à un Carme du nom de José das Chagas, et leur direction temporelle à deux capitaines de voltigeurs appelés Rodrigues Porto et Pereira da Cruz.

À ces villages depuis longtemps disparus, ont succédé les petites bourgades de Canoma, d’Abacaxi et de Maüé situées sur les lacs de ces noms et habitées par des individus qui se disent de race pure, mais qui ne sont que le produit du croisement des castes Abacaxi, Canuma, Maüè, Tura et Mundurucu.


L’île Mantequeira.

C’est aux Indiens Maüès, qu’on doit la découverte et la préparation du Guarana, boisson rafraîchissante que nos glaciers-limonadiers n’ont pas encore eu l’idée d’offrir sur un plateau dans les raouts fashionnables. Le guarana est une liane de la famille des légumineuses papillonacées dont la graine est noire à l’extérieur et blanche au dedans. Les Indiens après l’avoir torréfiée et moulue, l’humectent et en façonnent de petits gâteaux plats et ronds, qu’ils font durcir en les exposant à la fumée de bois vert. Pour préparer la boisson, il suffit de râper un de ces gâteaux dans une eau potable, — la dose de râpure est d’une cuillerée pour un verre d’eau, — d’agiter le liquide et de l’avaler sans trop de grimaces, si c’est possible.

Le guarana est en honneur dans toutes les villes de la province. Les citadins qui se piquent de savoir-vivre offrent au visiteur un verre de cette boisson comme des Chiliens pourraient offrir leur cidre de camuesa, des Péruviens leur chicha de maïs, des Argentins une infusion d’herbe du Paraguay. Les qualités réfrigérantes du guarana le rendent cher aux indigènes, qui en usent pour atténuer les effets corrosifs du piment dont leur nourriture est assaisonnée. Ils combattent le feu par la glace. Malgré l’amertume de houblon et l’odeur de vieille