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reusement, la place Solferino, qui le précède est irrégulière, rétrécie et mal bâtie. En 1864, il fut question d’ouvrir en face de cette cour d’Honneur un large boulevard, qui aurait procuré une lointaine perspective sur la forêt ; mais cet embellissement, mêlé à un avant-projet, présenté par l’administration des ponts et chaussées, de rectification de la route impériale de Paris à Antibes, fut abandonné à cause des vives réclamations suscitées par ce plan d’une rectification de route qui ne paraissait point suffisamment justifiée, et parce qu’il eût entraîné trop de dépenses. La simple régularisation de la place Solferino n’en reste pas moins une chose désirable et qui ne peut manquer d’avoir lieu un jour.

La façade du palais, au fond de la cour, avec ses cinq pavillons à toits aigus, reliés entre eux par des corps de bâtiments, ne présente qu’une série de bâtisses sans unité, sans style, sans caractère. La seule construction remarquable est le célèbre escalier à fer à cheval, construit sous Louis XIII par Lemercier, massif trop lourd pour le maigre et étroit pavillon central sur lequel il s’appuie. L’aile à gauche, composée de bâtiments de service n’ayant qu’un étage, avec ses divisions marquées par des briques rouges apparentes, et ses cheminées au chiffre de François Ier, a du moins, dans sa simplicité, un aspect spécial et caractéristique. Au contraire la grande aile à droite a une façade monotone,



qui donne l’idée d’une caserne où d’un hôpital. Elle a été construite par Louis XV sur l’emplacement de la galerie d’Ulysse, où Niccolò dell’Abbate, le plus habile des artistes qui secondaient Primatice, avait peint à fresque et développé, en cinquante-huit grandes compositions, l’histoire du héros d’Ithaque.


Cour Ovale et Porte-Dauphine. — Dessin de E. Thérond d’après nature.


Entre la cour des Adieux et la cour Ovale se trouve la cour de la Fontaine (voy. la gravure, p. 1) ouverte d’un côté sur l’étang des carpes, et entourée de constructions sur les trois autres côtés : à l’ouest, l’aile contenant les appartements qui furent occupés par le pape Pie VII, construite sous Louis XV, avec avant-corps à colonnes doriques et attiques à balustres ; — au fond, la galerie de François Ier, restaurée sous Louis-Philippe, avec une terrasse en avant, construite par Henri IV à l’est, une autre aile, dont la façade originale, à double rampe, est attribuée à l’architecte Serlio, né en 1475, mort à Fontainebleau en 1552. Cette aile, qui renfermait le petit théâtre où J. J. Rousseau assista à la représentation de son opéra du Devin du village, a été incendiée, il y a quelques années, et attend toujours sa reconstruction ou sa restauration. Ces trois façades opposées font, ainsi que les trois façades de la cour précédente, contraster les dissemblances de leur architecture. On a placé récemment devant la partie du rez-de-chaussée du pavillon de l’ouest, où ont été déposées de riches collections