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ciers. Par un juste retour, cette tyrannie est devenue funeste aux oppresseurs eux-mêmes : les Espagnols ont cherché à se réserver le privilége exclusif d’exploiter les richesses du pays, ils ont décimé la race indigène, ils ont éloigné les étrangers, et aujourd’hui, sur les trois cents millions d’hectares que possède l’Equateur, on ne compte guère plus d’un million d’habitants de diverses races. Les bras manquent à l’industrie et à l’agriculture ; les entreprises coloniales qui feraient la force et la grandeur du pays, ne peuvent ni se développer, ni même s’établir, et des territoires d’une admirable fertilité demeurent complétement incultes.


Rue d’un faubourg, à Quito. — Dessin de E. Thérond d’après M. Ernest Charton.

On ne saurait douter cependant que ce pays ne soit appelé à devenir l’un des plus prospères de l’Amérique méridionale ; la position stratégique de sa capitale, la douceur de son climat, la fécondité de son sol, les communications que par le fleuve des Amazones il lui serait facile de s’ouvrir avec l’Europe, tout lui promet d’heureuses destinées. Mais il faut que des immigrations nouvelles viennent seconder ou remplacer la population primitive, détruite ou dispersée par une oppression inintelligente. La république équatorienne ne peut fonder aucun espoir sérieux que dans la colonisation.

Ernest Charton.