Place et fontaine près de la cathédrale, à Quito. — Dessin de E. Thérond d’après M. Ernest Charton.
QUITO
(RÉPUBLIQUE DE L’ÉQUATEUR),
J’étais parti de Guayaquil[1] le 22 mars 1862. Après avoir remonté le Guayas, beau fleuve parsemé d’îles flottantes et bordé d’une luxuriante végétation, je pénétrai dans l’immense forêt vierge de l’Équateur, située sur le versant occidental de la première chaîne des Cordillères.
Je ne perdrai jamais le souvenir de ce que j’éprouvai en entrant dans cette imposante solitude. Une lumière incertaine, verdâtre, y confondait les objets et leur donnait une forme vague et fantastique ; je marchais, ému et ravi, comme dans un de ces pays imaginaires qu’on voit quelquefois en songe ; une atmosphère vaporeuse communiquait à mes membres fatigués de la chaleur du soleil un bien-être inexprimable ; j’aurais voulu m’arrêter, rêver, me recueillir ; mais de toutes parts la nouveauté et l’étrangeté des objets m’attiraient ; de pittoresques accidents de terrain, des collines, des gorges profondes diversifiaient la scène sans lui rien ôter de sa grandeur. Qui oserait tenter d’esquisser en quelques lignes des impressions si extraordinaires, dont
- ↑ La république de l’Équateur (Ecuador) se divise en trois
départements : — l’Assuay, capitale Cuenca ; — Guayaquil, capitale
Guayaquil ; — Quito, dont le chef-lieu est aussi la capitale
de la république.
Guayaquil, principal port de la république, est située au fond d’un golfe qui a le même nom. On y compte environ 25 000 habitants.