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Soudan, était gérée après lui par son neveu M. Panaïoti Kotzika, jeune grec pur-sang, très-civilisé, abonné à un journal d’Athènes, la Palingenesia (on ne comprendra jamais, à moins de l’avoir vu, l’énorme influence qu’a dans tout l’Orient ce groupe de petits journaux d’Athènes).

Panaïoti a succédé aux traditions hospitalières de son oncle. Il a, pour le moment, caserné dans une portion de sa vaste maison, les derniers fidèles de l’expédition du Bisson ; ce sont douze ou treize Français commandés par un officier génois, M. de Moro. Parmi eux figure un grand hongrois que j’ai déjà présenté au lecteur, le blond Édouard de W… le plus grand excentrique et le meilleur fils de la compagnie.


Gorge du Reb (voy. p. 390). — Dessin de E. Gicéri d’après un croquis de M. G. Lejean.

La situation n’a pas changé. Quatre ou cinq mille hommes de troupes nègres, entièrement composées d’esclaves denka et autres enlevés dans les razzias du fleuve Blanc et des montagnes de Tagali, continuent à encombrer une garnison où il n’y a guère place pour cinq cents. Toute cette masse de soldats est évidemment dirigée contre l’Abyssinie : mais on ne se hâte pas d’ouvrir une campagne où il y a en perspective plus de coups que de profit à gagner. En attendant, le mécontentement ne cesse de croître parmi les troupes qu’on ne paye pas, comme parmi la population pauvre et affamée.

Au mois d’octobre 1864 une partie de la garnison, n’ayant pas reçu sa solde depuis dix-huit mois, refusa de faire son service et réclama tumultueusement l’arriéré qui lui était dû.

Cela se passait en pleine campagne, à quelque distance de Kassala : les officiers, au lieu de tâcher de ramener les soldats à l’ordre, perdirent la tête et se sauvèrent dans la ville dont ils firent fermer les portes. Heureusement un simple capitaine parvint, en bravant