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le jardin, qui est orné d’un étang entouré de frais ombrages. Tel est l’asile silencieux, inviolable, où le fier daïmio se renferme, au sein de sa famille pendant les six mois de l’année que les lois de l’empire l’obligent de passer à la capitale.

Nous ne pouvons d’ailleurs apprécier les conditions de résidence de la noblesse japonaise, que d’après ce que nous en découvrons dans ce quartier vu à vol d’oiseau. Aucun Européen n’a franchi le seuil d’un yaski japonais. Les ministres du Taïkoun, à l’exemple des seigneurs, n’ont jamais admis dans leurs propres demeures la visite des ambassadeurs étrangers. Les rapports personnels, d’ailleurs extrêmement restreints, s’entretiennent sous la forme cérémonielle d’audiences, qui ont lieu dans certains bâtiments de l’administration, correspondant à nos ministères. De ce nombre sont les deux goïodji, hôtels et écoles de la marine, sur les bords de la baie, et le gokandjo bounio, siége du département des finances, l’extrémité nord-ouest d’Atakosta.

Les édifices de cette catégorie ont, en général, la même apparence extérieure que les palais de daïmios.


Idoles de l’oratoire d’Atagosa-Yama. — Dessin de Tournois d’après une photographie.
Les quartiers autour du Castel.

Le panorama d’Atagosa-Yama ne nous avait encore fait découvrir que le quart, tout au plus, de la grande capitale. Vers le nord, nos regards s’étaient arrêtés aux murs d’enceinte de la résidence du Taïkoun. Nous résolûmes de consacrer une autre journée à parcourir les quartiers situés tout autour du Castel, et qui forment avec celui-ci la partie centrale de Yédo.

Si l’on pouvait les embrasser d’un coup d’œil, ils apparaîtraient, vus à vol d’oiseau, sous la figure de deux cercles concentriques, dessinés par les lignes bleues de larges canaux, communiquant entre eux et avec la baie au moyen de nombreux embranchements.

Notre nouvel itinéraire se borne toutefois aux quartiers spécialement occupés par la maison du Taïkoun et par la noblesse féodale. Laissant donc de côté la cité bourgeoise, à l’est de la résidence, nous entrons dans la première enceinte ou zone extérieure du Castel, par un pont qui relie le quartier d’Atakosta au sud, à celui de Kourada au nord. Marchant ensuite à l’occident, nous traversons, à l’ouest du Castel, le quartier de Bantsio, et, au nord du Castel, une partie du quartier de Sourougats. De là, nous pénétrons dans l’enceinte intérieure, et, traversant du nord au midi le quartier des daïmios, nous nous retrouvons dans celui de Kourada, et enfin à notre point de départ.

Tel est le plan que nous exécutâmes en quatre heures de marche. Il déroula devant nos pas, comme les replis d’un mystérieux labyrinthe de pierre, les remparts, les tours, les palais, où s’est abritée, depuis plus de deux