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de la rade, à jeter l’ancre à deux ou trois milles au midi de la capitale, tout à fait hors portée de la vue des citadins. On comprend que l’effet des saluts de mer, à une pareille distance, ne doit pas être très-majestueux. Quant aux batteries indigènes, dont les abords de Yédo sont hérissés, aucune d’elles ne répond aux salves étrangères.

Six forts, de figure polygone, construits sur pilotis en travers de la baie, à quelques encâblures du rivage, défendent l’accès de Yédo, à la hauteur du faubourg de Sinagawa.

C’est au sud-ouest de ces forts que se trouve l’ancrage des navires européens ; ils y stationnent généralement en compagnie de trois ou quatre gros vaisseaux de guerre japonais et d’une demi-douzaine de jonques que leur tirant d’eau empêche de rejoindre ce que l’on appelle le port des jonques, à l’embouchure du grand fleuve qui traverse la ville de Yédo.


Sinagawa : Filles d’auberge assaillant les voyageurs. — Dessin de Émile Bayard d’après une esquisse japonaise.

À l’ouest, une batterie de côte, celle d’Odaïva, protége sur la rive le Goyodji, l’une des écoles de marine du gouvernement, et croise ses feux sur la rade avec ceux des forts détachés. Elle est située à l’extrémité d’une langue de terre formée par la rivière qui sépare Sinagawa du quartier de Takanawa.

La côte orientale de la baie, que l’on entrevoit à peine à l’horizon, paraît être abandonnée sans autre protection que les nombreux atterrissements dont elle est bordée.

L’on ne descend jamais officiellement, à Yédo, ailleurs que dans l’enceinte du débarcadère ou Hatoban de Takanawa. On ne saurait y parvenir qu’en chaloupe, et c’est, depuis l’ancrage, un trajet d’une heure à une