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disposées sur leur tête, sur leurs genoux et sur la paume de leurs mains.

Les temples ou les chapelles de Kioto qui appartiennent à l’ancienne religion nationale n’ont pas cessé de conserver, du moins jusqu’à un certain point, le caractère de simplicité qui les distingue dans la province. Les uns sont consacrés aux sept dynasties célestes de la mythologie indigène ; d’autres, aux esprits de la terre ; d’autres encore, à la divinité du soleil, Ten-sjoo-daï-zin, ou à ses descendants, les premiers mikados.

Le culte kami possédait à Kioto et dans la banlieue, vers la fin du dix-septième siècle, deux mille cent vingt-sept mias ; mais la religion bouddhiste, dans ses diverses sectes ou ramifications, n’y comptait pas moins de trois mille huit cent quatre-vingt-treize temples, pagodes ou chapelles.

Il n’y a pas d’autres monuments dignes de remarque dans cette singulière capitale.

Les palais du daïri, tant par leur destination que par le style de leur architecture, font partie des édifices sacrés. Ils sont renfermés dans une enceinte de murailles qui occupe la partie nord-est de la ville. Des arbres de haute futaie, dont les cimes apparaissent au-dessus de lointaines toitures, donnent une vague idée de l’étendue et de la tranquillité des parcs au sein desquels les demeures impériales se dérobent aux regards profanes et aux bruits de la cité.

Acteurs et danseuses de la cour du mikado. — Dessin de Émile Bayard d’après un croquis japonais.

Comme il arrive fréquemment que le mikado abdique en faveur du prince héréditaire, pour terminer ses jours dans une retraite encore plus profonde, un palais spécial lui est réservé à cette intention dans un enclos solitaire de la partie sud-est du daïri.

À peu près au centre de la ville, un château fort dont les remparts sont surmontés par intervalles de tours carrées à deux ou trois étages, servait de refuge au mikado dans les temps de troubles ; c’est aujourd’hui le quartier général de la garnison du Taïkoun.

Les hauts dignitaires, les fonctionnaires et les gens de service employés dans les diverses résidences de l’empereur et de sa nombreuse famille doivent se compter par milliers. On n’en connaît jamais exactement le chiffre, parce que la cour a le privilége d’échapper au recensement annuel.

De tout temps le gouvernement japonais s’est occupé avec sollicitude de la statistique nationale. Dans la ville sainte de l’empire, la statistique se fait cléricale et classe officiellement chaque individu dans la secte à laquelle il déclare appartenir.

Kæmpfer rapporte que de son temps, en 1693, la population stable de Kioto, abstraction faite de la cour, se composait de 52 169 ecclésiastiques et de 477 557 laïques ; or, les uns et les autres se répartissaient en