tañuelas a plusieurs synonymes ; castañetas et palillos ; on dit même quelquefois simplement la leña, le bois. Viennent ensuite les mots castañetada, castañeteo, castañetazo, castañeteado et castañeton, qui peuvent s’employer indifféremment pour exprimer le jeu de l’instrument ; il y a encore le verbe assez ronflant castañetear, qui exprime on ne peut mieux l’action de jouer des castagnettes ; il s’applique également à celui qui fait claquer ses dents en grelottant de froid. Quand un homme est cagneux et que les genoux se heurtent en marchant, on dit en Espagne : il joue des castagnettes ! Et lorsqu’on veut parler d’une personne au caractère vif et enjoué, on la compare à une castagnette : — Como una castañuela, — dit le proverbe.
Naturellement, la pandereta fournit aussi son contingent à la langue espagnole : quand plusieurs de ces instruments forment un tutti, c’est une panderada ; le panderazo, c’est un coup donné avec le pandero ; panderetero est un mot qui s’applique aussi bien à celui qui en joue qu’à celui qui en fabrique ; pandereteo, qui signifie l’action de jouer du tambour de basque, signifie également une fête au son du pandero, et panderetear est le verbe qui en dérive naturellement.
L’Espagne, pays si riche en proverbes, comme chacun sait, en a emprunté un bon nombre à cet instrument : le sot qui parle beaucoup pour ne rien dire, c’est un pandero ; está el pandero en manos que lo sabrán tien tocar, est une locution proverbiale qui veut dire qu’on peut avoir confiance en la personne chargée d’une entreprise quelconque, qu’elle est habile et capable de s’en tirer à son honneur.
No todo es vero
Lo que suena el pandero,
dit encore un ancien refran espagnol, donnant à entendre qu’il ne faut pas croire à la légère tous les bruits qui se répètent, et notamment les propos tenus par les bavards, qui souvent parlent sans réflexion.
Mais laissons de côté les instruments favoris du peuple espagnol, pour dire quelques mots des danses nationales pendant le moyen âge, la Renaissance et les temps modernes.
Que devinrent, à l’époque du moyen âge, les danses nationales d’Espagne ? On ne sait que très-peu de choses à ce sujet. « Il est à présumer, dit le savant Jovellanos dans son Mémoire sur les divertissements publics, que l’exercice populaire par excellence se réfugia dans les Asturies, à l’époque de l’invasion des Arabes. » Il est certain que les Juglares et les Trovadores espagnols du moyen âge composaient, entre autres poésies, des Baladas et des Danzas, et parmi les danses de cette époque, on peut en citer une, celle du Rey don Alonso el Bueno, dont le nom indique qu’elle devait probablement exister du temps de ce prince, c’est-à-dire au douzième siècle.
On peut encore citer, parmi les danses les plus anciennes, le Turdion, dans laquelle on se livrait à de nombreuses contorsions. C’est très-probablement dans ce mot qu’il faut chercher l’étymologie du mot français tordion, ou tourdion, qu’on retrouve si souvent dans les récits de Brantôme. Il y avait encore la Gibadina, dont le nom signifie quelque chose comme la danse des bossus, et sur laquelle les détails nous manquent ; nous en dirons autant du Piedegibao, ou littéralement Pied de bossu. La Madama Orliens, malgré son orthographe tant soit peu défigurée, avait été évidemment appelée ainsi du nom d’une princesse de la maison d’Orléans ; la Alemanda, comme l’indique son nom, devait tirer son origine de l’Allemagne.
La Alemanda et la Gibadina étaient encore de mode au seizième siècle. Pourtant, le célèbre Lope de Vega se plaint, dans sa comédie La Dorotea, de les voir tomber peu à peu en désuétude, ainsi que plusieurs autres danses anciennes. La Pavana était à cette époque un des pas les plus renommés ; elle ne tarda pas à se répandre en France et en Italie, où elle eut, ainsi que dans d’autres parties de l’Europe, un succès qui se prolongea longtemps.
La Pavana était un pas noble et grave’: on pense que le menuet et les autres danses du même genre en sont des imitations. Son nom vient évidemment du mot pavo, qui signifie en espagnol un paon, parce que les danseurs « faisaient la roue l’un devant l’autre comme des paons avec leurs queues. » « La Pavana, dit un auteur espagnol de la fin du quinzième siècle, imite les attitudes du paon royal, qui va se balançant en faisant la roue. »
Il faut cependant tenir compte de l’opinion qui attribue à la pavane une origine italienne. Quelques-uns, en effet, prétendent que cette danse fut inventée à Padoue, et que son nom n’est que la contraction de Padovana (Padouane).
On dit que Catherine de Médicis excellait à danser la pavane d’Espagne, et qu’elle la perfectionna en la rendant plus gracieuse et plus vive. Les seigneurs de son temps portaient, en dansant la pavane, le manteau court sur l’épaule et la longue rapière au côté, ce qui donnait à leur démarche une aisance particulière. Les dames la dansaient en robes longues et traînantes, chargées de broderies et de pierreries, et portant quelquefois sur la tête des couronnes qui marquaient leur dignité.
Marguerite de Navarre, femme de Henri IV, excellait aussi, assurent les auteurs du temps, à danser la pavane d’Espagne. Comme nous l’avons dit, les mouvements de cette danse étaient graves et majestueux ; l’air en était très-lent. Un auteur français qui a écrit un curieux livre sur la danse, Thoinot Arbeau, men-