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Son retour à Kioto fut un véritable triomphe. Le mikado le revêtit solennellement du premier titre du daïri, celui de quamboukou, et le proclama son lieutenant général.

Alors Fidé-Yosi porta ses armes sur un autre champ de désordre.

Un miracle bouddhiste : Bonze bravant la décapitation. — Dessin de É. Bayard d’après une gravure Japonaise.

Chacune des mille divinités de la mythologie bouddhiste s’était fait place au Japon. Elle y possédait des temples, des statues, des confréríes monastiques. Les bonzes, les religieux, les nonnes abondaient dans tout l’empire, et principalement dans le centre et le sud du Nippon. Chaque couvent rivalisait d’industrie avec ses voisins pour se procurer la plus grasse clientèle. Peu à peu cependant la concurrence devint si effrénée, que la jalousie, l’aigreur, la haine enfin envenima les rapports mutuels de certains ordres puissants et ambitieux. Des invectives l’on passa aux voies de fait. La police impériale se jeta au travers des premières mêlées de têtes tonsurées ; mais bientôt elle fut hors d’état d’opposer une digue au torrent. Des bandes de furieux en froc et en soutane, armés de bâtons, de piques, de fléaux, se ruaient pendant la nuit sur les propriétés de la confrérie qui leur portait ombrage ; ils ravageaient tout ce qu’ils rencontraient sur leurs pas, maltraitaient, tuaient ou dispersaient les conventuels victimes de leur guet-apens, et ne se retiraient qu’après avoir mis le feu aux quatre coins de la bonzerie. Mais tôt ou tard les agresseurs, assaillis à leur tour à l’improviste, subissaient le même traitement. Six fois, dans le cours du douzième siècle, les moines du couvent sur le Yéïsan brûlèrent la bonzerie de Djensjôsi ; deux fois les moines de cette dernière bonzerie réduisirent en cendres le couvent du Yéïsan.