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couche de vermillon. Leurs figures grimaçantes et leurs bustes énormes sont tachetés d’innombrables boulettes de papier mâché, que les visiteurs leur lancent, au passage, sans plus de formalités que n’y mettraient une bande d’écoliers en vacances. Cependant les pèlerins leur adressent des vœux et y joignent volontiers l’offrande d’une paire de chaussons en paille, qu’ils attachent à la grille dont les statues sont entourées. Ces chaussures, appropriées aux pieds des deux colosses, étant suspendues par milliers aux barreaux de la grille, on peut se figurer l’agréable coup d’œil que présente cette garniture.

Ici, un frère servant de la bonzerie s’approche de notre société, et sa démarche câline dénote des vues intéressées. Nous lui déclarons que ses bons offices n’auront quelque mérite à nos yeux que s’ils nous procurent l’accès des bâtiments fermés. Alors, secouant la tête de manière à nous faire comprendre que nous lui demandons une chose impossible, il se borne à suivre nos pas avec la ponctualité machinale d’un homme qui exécute une consigne.

Archer japonais (troupes du Siogoun). — Dessin de Thérond d’après une photographie.

Le tableau que nous avons devant nous est vraiment digne d’admiration. Une haute terrasse, à laquelle conduit un large escalier de pierre, domine le second parvis. Elle est soutenue par un mur de construction cyclopéenne, et supporte le temple principal ainsi que des habitations de bonzes. Les toits grisâtres de ces divers édifices se détachent sur une sombre forêt de cèdres et de pins.

À notre gauche sont les bâtiments du trésor. L’un d’eux a une toiture pyramidale, surmontée d’une aiguille de bronze artistement travaillée. Au pied du grand escalier est la chapelle des ablutions.